La Moldavie suspend six chaînes
En Moldavie, une commission spéciale a révoqué jusqu'au mois de février les licences de six chaînes, accusées d'assurer une couverture mensongère de l'actualité du pays et de la guerre en Ukraine. Le pays entend "se protéger de la propagande et des mensonges", affirme le vice-Premier ministre Andrei Spînu. Les médias de la Roumanie voisine portent un regard contrasté sur cette décision.
La fin d'une neutralité éphémère
Le service roumain de Deutsche Welle salue la décision de la commission :
«L'interdiction de la propagande pro-russe est l'aboutissement pour la Moldavie et son gouvernement d'une prise de conscience liée à un véritable péril existentiel : l'assurance de plus en plus ténue que la neutralité constitue un gage de protection a fini par laisser sa place à la conviction qu'il était nécessaire de se positionner clairement et de choisir son camp. Entre guerre et paix, entre vérité et mensonge, entre démocratie et tyrannie, il ne saurait y avoir de voie intermédiaire. ... Il n'y a plus de retour possible désormais. Une vengeance russe en Moldavie signifierait l'anéantissement de cet Etat et de son peuple.»
Combien de temps durera l'état d'urgence ?
En dépit d'intentions compréhensibles, cette interdiction relève de la censure, estime le journaliste Cătălin Tolontan dans Libertatea :
«Pour Moscou, les libertés individuelles et les querelles des sociétés libérales ne méritent aucun égard. Il y a ici quelque chose de précieux à défendre, comme le montre la résurgence de l'antisoviétisme. C'est pourquoi nous devrions appeler par son nom ce qui se produit actuellement à Chișinău : il s'agit de censure. Il faut être conscient du fait que la censure fonctionne en temps de guerre, mais qu'elle ne peut être la finalité et l'essence d'un gouvernement. La Moldavie a annoncé que la suspension des licences audiovisuelles ne durerait que le temps de l'état d'urgence. Or dans cette région du monde, cela peut être une éternité.»