Grève en Roumanie : au tour de la justice
Après les enseignants, 3 000 juges et magistrats ont lancé une grève officieuse en Roumanie. A l'origine de cette mobilisation, un projet de loi qui doit être négocié cette semaine au Parlement, et qui prévoit une hausse progressive de l'âge de départ à la retraite pour les fonctionnaires du secteur judiciaire, ainsi qu'une réduction des pensions. Jusque-là, le départ à la retraite pouvait s'effectuer après 25 ans de service. La mobilisation est-elle justifiée ?
Une loi qui a fait son temps
Il est justifié d'adapter l'âge de départ à la retraite et le niveau des pensions des magistrats, estime le service roumain de Deutsche Welle :
«A partir de 2005, on avait donné la possibilité aux magistrats de partir à la retraite après seulement 25 années d'activité. La Roumanie voulait alors se débarrasser des juges et des avocats qui avaient travaillé pour le régime Ceaușescu. Cette stratégie avait fonctionné et, dans les quatre années suivantes, ce furent près de 800 magistrats qui étaient partis à la retraite. ... Il est probablement temps d'amender cette loi, car elle a atteint son objectif. ... Selon une évaluation du site d'investigation Rise Project, la retraite moyenne des juges et des avocats est 11,3 fois plus élevée que celle d'un contribuable moyen, et elle est en moyenne versée sur une durée 2,5 fois supérieure.»
Une initiative peu populaire
La grève des enseignants a été perçue tout à fait différemment que celle des magistrats, estime Spotmedia :
«Après trois décennies de démocratie, la société roumaine a mûri et comprend les enjeux. ... C'est essentiellement la raison pour laquelle les enseignants roumains ont, contre toute attente, bénéficié d'un tel assentiment populaire. Les citoyens ont estimé que le personnel éducatif s'est fait berner par les différents gouvernements et que le secteur de l'éducation a longtemps été sous financé. Ce soutien populaire fait entièrement défaut dans le cas du système judiciaire. La majorité de la société déplore que les juges anticorruption aient déposé les armes, qu'un trop grand nombre de décisions soient prises en faveur des privilégiés, que le taux de criminalité augmente et que les tribunaux travaillent au ralenti.»