Bulgarie : manifestations contre la sortie du charbon
Fin septembre, le Parlement bulgare avait voté la sortie du charbon d'ici 2038, juste à temps pour toucher des aides de l'UE associées à cet engagement. La décision prévoyait que les centrales au charbon et les mines soient progressivement fermées, les employés du secteurs indemnisés ou repris dans une société d'Etat pour la transition. Depuis des jours, ces travailleurs battent le pavé, bloquent certains grands axes routiers et réclament la démission du gouvernement.
D'où viendra alors l'électricité ?
Douma se range du côté de la contestation :
«27 000 employés du secteur de l'énergie vont perdre leur emploi, et la production de 4 277 mégawatts de puissance installée sera stoppée. En guise de compensation, il ne sera alloué que la somme ridicule de quatre milliards de levas [2,2 milliards d'euros issus du programme de développement régional de l'UE]. ... Quel formidable plan d'assainissement, quelle transition équitable, quelle durabilité ! C'est un plan diabolique ourdi contre la stabilité énergétique et les intérêts nationaux. La fermeture des centrales au charbon laissera un trou béant dans le bilan énergétique. Qui le comblera, et comment ?»
Accepter les aides avant qu'il ne soit trop tard
En 2026, au plus tard, le charbon sera de l'histoire ancienne, rétorque e-vestnik :
«La sortie du charbon sera inexorable, car son prix prohibitif entraînera sa disparition. Dès que le marché de l'électricité sera libéralisé et qu'il n'y aura plus de monopole d'Etat [à compter du 1er janvier 2026], tous les fournisseurs d'électricité tourneront le dos aux centrales au charbon, trop chères. Ce serait une ineptie que de ne pas profiter des quatre milliards, et que l'Etat continue d'acheter l'électricité à des tarifs élevés, dans la seule optique de sauver des emplois.»
Un secteur non viable sans subventions
L'industrie du charbon, jadis un pilier économique d'une importance systémique, est devenue un boulet pour la société, souligne également le service bulgare de Deutsche Welle :
«Si les partisans de l'industrie du charbon refusent catégoriquement tout changement d'ici 2038, il reviendra au reste de la population de décider s'ils sont prêts à assumer la taxe carbone qui en résultera. Car les subventions au charbon financées par les certificats d'émissions de CO2 prendront fin en 2025. Par voie de conséquence, les mines d'extraction et les centrales au charbon fermeront progressivement leurs portes, car l'électricité ainsi produite deviendra trop chère. A titre d'exemple, l'exploitation de la centrale d'Etat Maritsa Est 2, la plus grande centrale thermique, a engendré un coût de 1,7 millions de levas [870 millions d'euros] en certificats pour 2022.»