Slovaquie : Fico s'attaque à l'Etat de droit
Quelques semaines après avoir été nommé à la tête du gouvernement slovaque, Robert Fico a décidé de mettre à exécution son projet, à savoir dissoudre le Bureau du procureur spécial, chargé de la lutte contre la corruption et le crime organisé. Son président, Daniel Lipšic, était intervenu en tant qu'avocat pour défendre les parents du journaliste assassiné Ján Kuciak. Bruxelles a émis un avertissement, tandis que des manifestations ont lieu dans tout le pays.
Une ambition avant tout personnelle
Selon Tages-Anzeiger, Fico veut aller vite :
«La lutte contre la corruption ne va pas vraiment dans son sens, puisqu'il a déjà été dans le collimateur des autorités pour formation d'une organisation criminelle. L'enquête se poursuit d'ailleurs à l'encontre d'amis du parti, et d'individus que Fico connaît de près ou de loin. Mais étant donné que ce dernier a été nommé Premier ministre en octobre, il peut tout à fait l'interrompre. Avant Noël, il souhaite que la décision qu'il vient de prendre au sein de son cabinet soit approuvée par le Parlement.»
Il est temps d'ouvrir les yeux
Pour Új Szó, cette initiative illustre avec force les intentions peu louables de Fico et du SMER :
«Pour quelle raison étaient-ils prêts à tout pour s'emparer une quatrième fois du pouvoir ? Cela aurait dû nous mettre la puce à l'oreille... Pouvait-on sérieusement penser que leur intention était de réduire les coûts de l'énergie ou d'éradiquer l'immigration ? ... [Désormais], ils entendent supprimer le Bureau du procureur spécial. Ils ont une idée très claire derrière la tête. ... Ce projet leur importe plus que la baisse de l'inflation. Ouvrons les yeux et servons-nous de notre raison !»
L'UE et la population vont voir rouge
Concernant les réactions en Slovaquie et à l'étranger, Denník N écrit :
«L'opposition slovaque se servira très certainement de tous les moyens légaux pour au moins retarder l'adoption des amendements législatifs. La présidente Zuzana Čaputová a déjà laissé entendre qu'elle ferait usage de son droit de veto. ... L'UE, quant à elle, a déjà exprimé son mécontentement face à la rapidité avec laquelle les mesures doivent être appliquées. Rien de tout cela n'arrêtera Fico, mais s'il se montre trop buté et ses détracteurs tenaces, le Premier ministre et l'ensemble de son gouvernement risquent de payer les pots cassés sur le plan politique, à Bruxelles comme dans le pays.»