'Patriotes pour l'Europe', nouveau groupe au Parlement européen
Un nouveau groupe d'extrême droite a pris forme au Parlement européen, sur une initiative du Premier ministre hongrois Viktor Orbán : les "Patriotes pour l'Europe", qui devient ainsi le troisième groupe de l'hémicycle par la taille. Outre bien sûr le Fidesz hongrois, on y trouve aussi, entre autres, le FPÖ autrichien, le RN français, Chega du Portugal et la Lega italienne. La presse fait part de son inquiétude.
Une imposture
Marcia Luyten, chroniqueuse au journal De Volkskrant, réfléchit au nom que s'est donné le nouveau groupe :
«Est-il possible de s'appeler 'Patriotes pour l'Europe' et être les meilleurs amis de Poutine ? A peine la Hongrie avait-elle occupé la présidence tournante de l'UE qu'Orbán s'est aussitôt rendu au Kremlin, tout sourire. Avant de s'empresser de reprendre la route pour aller voir un autre grand copain du patriotisme européen, Xi. Courbettes devant le tsar, génuflexion devant l'empereur, le nom de 'Traîtres de l'Europe' serait plus seyant.»
Un cordon sanitaire pour isoler les Patriotes ?
Reste à voir quelle sera la réaction du reste du Parlement européen, fait valoir Corriere della Sera :
«La véritable inconnue, c'est : les autres groupes décideront-ils d'activer un pare-feu contre les Patriotes, les excluant de tous les postes clés ? La majorité des partis du nouveau groupe, issus du groupe ID [Identité et démocratie], ont déjà connu ce sort. L'eurodéputé RN Jean-Paul Garraud évoque une 'mesure antidémocratique' difficile à mettre en application, faisant valoir que son groupe représente des millions d'électeurs. Il revendique donc un certain nombre de postes. ... Le PPE aura un rôle déterminant, ses voix seront indispensables dans les votes. ... Le PPE et sa présidente, von der Leyen, ont toujours été clairs sur ce point : jamais avec le RN.»
Une musique qui peut devenir lassante
Český rozhlas fait la remarque suivante :
«Avec un brin de sarcasme, on pourrait dire que dans ce concert de 'patriotes', on entend des voix trumpistes, prorusses, racistes et même néonazies. Son ciment, c'est l'opposition à la politique migratoire de l'UE, au pacte vert et surtout la diabolisation des bureaucrates bruxellois et des élites. Combien de temps le groupe tiendra-t-il ? Avec le temps, ses membres ne vont-ils pas passer d'un groupe à l'autre, comme on l'a vu pour d'autres groupements extrémistes ? Et avec le temps, les électeurs ne vont-ils pas se lasser, si le nouveau groupe s'avère incapable d'imposer quoi que ce soit ?»