Allemagne : les aides à l'Ukraine en question

Les difficultés budgétaires auxquelles fait face l'Allemagne ont déclenché un débat houleux sur les aides militaires à l'Ukraine. A en croire un article paru dans la presse allemande, les aides déjà votées seront fournies, mais pas d'aides supplémentaires. Celles-ci devraient être prélevées sur les avoirs russes gelés, sans grever le budget du pays. Les commentateurs sont sceptiques.

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Frankfurter Rundschau (DE) /

Une mesure dangereuse

Les désaccords au sein de la coalition ne doivent pas entraîner l'abandon de l'Ukraine, assène Frankfurter Rundschau :

«Le gouvernement central dit vouloir continuer de soutenir le pays agressé, mais financer ce soutien avec les intérêts générés par le gel des fonds de la Banque centrale russe. Le problème, c'est que les modalités de mise en œuvre de ce projet des Etats du G7 reste nébuleuses. Si l'aide militaire allemande à l'Ukraine devait être fortement réduite pour des raisons budgétaires, dans le pire des cas de figure, le gouvernement allemand mettrait en application ce que réclament le BSW [l'alliance Sarah Wagenknecht] et l'AfD. Il faut à tout prix l'empêcher.»

wPolityce.pl (PL) /

Gare à la nostalgie du bon vieux temps

wPolityce porte un regard inquiet sur la situation politique en Allemagne :

«La conjonction de l'instabilité politique avec la récession économique pourrait souffler dans les voiles de ces forces qui, en Allemagne, appellent de leur vœux un accord avec la Russie et rêvent d'un retour au 'bon vieux temps'. Cela ne doit pas forcément aboutir à un triomphe de l'AfD ou de Wagenknecht aux élections. Une amélioration du score de ces formations suffirait déjà en soi à amener les partis établis, en réponse au revirement dans l'opinion, à revoir leur politique sur la question essentielle – du moins pour nous – de l'attitude envers la Russie.»

La Repubblica (IT) /

Victime du frein à l'endettement

La Repubblica tâche de sonder les raisons des querelles incessantes autour du budget allemand :

«Les mauvaises langues diront qu'Olaf Scholz a trouvé un moyen de décocher une flèche à son rival le plus redoutable, le ministre de la Défense Boris Pistorius. Membre du SPD comme lui, c'est la personnalité politique préférée des Allemands depuis plus d'un an. ... Mais les titres de l'édition du dimanche de la Frankfurter Allgemeine Zeitung disent tout haut ce qui se dit tout bas depuis plusieurs jours : la majorité au pouvoir à Berlin a ficelé un énième accord fragile de budget prévisionnel. Scholz a cédé à l'impératif de son ministre des Finances, le libéral Christian Lindner, obsédé par l'équilibre budgétaire, en réduisant les aides à l'Ukraine.»