Belgique : la liberté de la presse menacée ?

Ces dernières semaines, la Belgique a été le théâtre de plusieurs actions en justice engagées par des politiques contre des médias, dans le but d'empêcher, en amont, la publication de certains articles. Les éditorialistes voient dans ces "censures préventives" une menace pour la liberté d'opinion et la liberté de la presse dans le pays.

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La Libre Belgique (BE) /

La primauté du droit à l'information

La Libre Belgique y voit un développement dangereux :

«Cette judiciarisation est d'autant plus dangereuse qu'elle est camouflée sous des motifs de protection de la vie privée ou de pratiques commerciales. Or, ces arguments, bien que légitimes dans certaines circonstances, ne doivent jamais être utilisés pour faire taire des révélations qui présentent un intérêt général. La censure préventive, bannie par l'article 25 de la Constitution belge, réapparaît sous des formes de plus en plus insidieuses, révélant un rapport de force biaisé entre le droit à l'information et des intérêts privés ou politiques. Pourtant, dans une démocratie, il ne devrait y avoir aucun doute sur la primauté du premier.»

RTBF (BE) /

Pas de liberté d'opinion sans faits

Sur le portail de la radio-télévision publique RTBF, Bertrand Henne défend le travail des journalistes :

«Cette multiplication [des atteintes aux médias] est interpellante. Elle marque un recul inédit du droit à l'information dans ce pays. Et si ceci arrive dans une relative indifférence du public, c'est sans doute parce que la confiance dans la presse s'érode. Mais aussi parce que, je crois, nous faisons l'expérience, individuellement, d'une grande liberté d'expression. Jamais nous n'avons pu aussi facilement exprimer nos opinions. Mais voilà le paradoxe de l'époque : les opinions sont libres et valorisées, mais les faits, que tentent d'établir les journalistes, le sont de moins en moins. Mais qu'est-ce qu'une liberté d'opinion totale sans les faits ?»