Présidentielle roumaine : des soupçons d'ingérences
Les renseignements roumains soupçonnent une campagne d'influence russe sur TikTok d'être à l'origine du succès électoral du candidat d'extrême droite Călin Georgescu. A la surprise générale, celui-ci avait remporté le premier tour de la présidentielle, il y a deux semaines. Le Parquet général a ouvert une enquête pour fraude électorale. La confusion règne dans le pays avant le scrutin de dimanche.
Pourquoi des divulgations aussi tardives ?
Le service roumain de Deutsche Welle pointe des incohérences qui soulèvent de nombreuses questions :
«Si tout a été minutieusement préparé en amont, pourquoi les services de renseignement intérieur (SRI) n'ont-ils rien fait pour empêcher cette immixtion ? Pourquoi ces informations importantes n'ont-elles pas été transmises au Parquet général ? ... Pourquoi le Conseil suprême de la défense nationale (CSAT) n'a-t-il pas relayé ces données à la Cour constitutionnelle, avant que celle-ci ne valide le premier tour de la présidentielle ? Si toute la campagne électorale a été parasitée par la Russie, pourquoi la Roumanie devrait-elle maintenir ce scrutin corrompu ? La Roumanie mérite-t-elle d'organiser une élection qui pourrait porter au pouvoir un candidat de Moscou ?»
L'ombre de Moscou
Le Kremlin tire les ficelles en coulisses, fulmine La Repubblica :
«L'ombre de Moscou plane sur Bucarest. Force est de le constater alors que s'annonce ce dimanche le second tour explosif de la présidentielle, avec la présence du candidat d'extrême droite et pro-Poutine, Călin Georgescu, qui s'est imposé au premier tour. Un candidat sur lequel se braquent aujourd'hui les projecteurs des Etats-Unis, de l'UE et aussi de la justice roumaine. Car sa campagne électorale sur le réseau social TikTok a provoqué une avalanche de suspicions. Elle a surtout montré les ingérences et les prises d'influence de la part du Kremlin. ... Dès mercredi dernier, le président roumain sortant, Klaus Iohannis, avait lui-même déclassifié des documents relatifs à une enquête du Conseil suprême de la défense nationale (CSAT), qui révélait les preuves d'une manipulation étrangère du processus électoral au profit de Georgescu.»
Il ne nous reste plus qu'à prier
Cette élection va mettre à rude épreuve la démocratie roumaine, lit-on sur G4Media.ro :
«Il ne nous reste plus qu'à prier que le messie qui officie sur Tiktok [Georgescu] perde face à Elena Lasconi, dans la grande bataille pour la démocratie, sur cette nef des fous dans laquelle nous sommes embarqués. Dans le cas contraire, la Cour constitutionnelle invalidera le scrutin lundi. Et alors là, la folie sera totale. Les gens descendront dans les rues, un président intérimaire tâchera de former un nouveau gouvernement. Bref, ce sera le règne d'un chaos infernal que plus personne ne comprendra. Et la démocratie roumaine, ou plutôt ce qu'il en reste, partira en fumée.»