L'Europe est-elle prête pour affronter 2025 ?

La guerre continue de faire rage en Ukraine et au Proche-Orient. Dans la lutte contre le changement climatique, le bilan est trop modeste. Le nouveau président américain vient ajouter de l'insécurité : en 2025, l'Europe va devoir faire face à de grands défis. La presse s'interroge sur les stratégies que l'UE pourrait adopter.

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Le Soir (BE) /

Pour rester indépendants, il va falloir se mettre au travail

L'Europe doit passer à la vitesse supérieure, préconise Le Soir :

«La relation [entre Trump et Poutine] dans les prochaines semaines et prochains mois aura des conséquences énormes sur l'équilibre géopolitique, de l'Ukraine au Moyen-Orient en passant par l'Afrique et l'économie mondiale. Et l'Europe dans tout cela ? Elle se retrouve devant une montagne pour éviter un rôle de simple spectateur. ... 'Au travail !', disait d’ailleurs Ursula von der Leyen en novembre dernier lors de son investiture. Au travail, en effet, pour sortir des mauvais jeux politiques qui minent trop souvent l'Union, pour construire une défense européenne, pour redresser l'économie des 27, faire face à l'impact toujours plus dévastateur du changement climatique, défendre nos valeurs démocratiques sapées de l'extérieur et de l'intérieur, et nous projeter dans le monde du futur, entre l'IA et les Gafam. … Mais si nous voulons que notre destin ne dépende pas (trop) de Trump et de Poutine, c'est la seule voie.»

Tygodnik Powszechny (PL) /

Se préparer à une nouvelle phase de la guerre

Dans Tygodnik Powszechny, Wojciech Konończuk du think-tank d'État OSW fait la prévision suivante :

«Après l'investiture de Trump, il faut s'attendre à une tentative de négociations [en vue de mettre fin à la guerre en Ukraine], tentative fort probablement vouée à l'échec. Par voie de conséquence, la guerre entrera dans une nouvelle phase de surenchère. Que fera alors Trump ? Le mystère est entier. On a du mal à s'imaginer qu'il abandonnera l'Ukraine à Poutine. En tout état de cause, le futur président américain cherchera à faire porter par les Européens une part importante du coût du soutien à l'Ukraine. Les pays européens, y compris la Pologne, devront relever un défi auquel ils ne sont pas encore préparés.»

Naftemporiki (GR) /

Risque de dissension accrue

Naftemporiki fait part de ses inquiétudes :

«Un second mandat de Trump présente pour l'UE le risque majeur que la pression des Etats-Unis ne vienne aggraver encore la désunion et les tendances à la dissidence entre les Etats membres. La situation politique déplorable de la France et de l'Allemagne, les deux premières économies européennes, laisse l'UE orpheline d'un leadership politique fort. Une situation qui s'envenimera encore si Trump réduit l'aide à l'Ukraine en guerre ou se retire de l'OTAN. Les Européens devront assumer une part bien plus importante de leurs dépenses de défense, ce qui aggravera encore plus les difficultés budgétaires.»

Corriere della Sera (IT) /

Une Europe freinée par ses structures

L'UE doit repenser ses processus décisionnels, fait valoir Corriere della Sera :

«Nous savons tous aujourd'hui que l'Europe ne peut plus compter sur la Pax Americana, qui lui garantissait des marchés d'exportation et une protection militaire. Que cela signifie-t-il pour l'avenir ? ... Le premier constat que l'on peut faire, c'est que même si les Européens auraient théoriquement l'avantage de définir des réponses communes, cette stratégie est entravée par le fait que nous ne sommes pas une fédération, mais une union, qui confère la plupart des compétences aux Etats nations, lesquels sont souvent divisés par des intérêts divergents. ... On a beau avoir compris que les changements géopolitiques exigeaient une capacité accrue à prendre des initiatives concertées, il est illusoire de croire que cela pourra se faire sans repenser l'intégration européenne d'une manière fondamentale.»

Público (PT) /

Sans plateforme européenne, pas de débat public

L'UE a besoin d'un vaste débat public, pointe Maria João Rodrigues du think tank Foundation for European Progressive Studies, dans Público :

«Il ne suffit pas de définir un nouveau consensus stratégique et de consolider les forces pro-européennes dans les institutions de l'UE. Il sera également indispensable de mobiliser l'adhésion des citoyens européens sur la base d'un débat démocratique approfondi. Pour pouvoir mener ce genre de débat public européen, il ne suffira pas de protéger la liberté d'expression et le pluralisme. L'UE ne peut pas compter sur les réseaux sociaux tels que X (anciennement Twitter) ou Tiktok ; elle va devoir se doter de sa propre infrastructure médiatique pour reconquérir ce qui constitue le fondement de sa souveraineté.»

Expressen (SE) /

Von der Leyen indiquera la marche à suivre

Expressen propose l'analyse suivante :

«Il faudrait faire de l'UE une union de la défense – au sens militaire du terme, mais aussi de défense de ce que l'on nomme 'le mode de vie européen' : le commerce au service de la prospérité, les réformes sociales visant à redistribuer la richesse, la démocratie, un Etat de droit au sein duquel des tribunaux indépendants combattent la corruption, des minorités jouissant des mêmes droits et l'égalité de tous les citoyens devant la loi. En 2025, des propositions concrètes de Ursula von der Leyen montreront ce que les gouvernements européens décideront en réaction à un ordre mondial en train de s'effondrer : un alignement à la dure ou des tentatives de persuader Trump de suivre la bonne voie.»