Pourquoi Fico a-t-il rendu visite à Poutine ?

En se rendant à Moscou avant Noël, le Premier ministre slovaque Robert Fico a surpris ses amis comme ses ennemis. La Slovaquie est dans l'embarras, car en 2025, l'Ukraine ne fera plus transiter de gaz russe vers le pays. Après sa visite chez Vladimir Poutine, Fico a déclaré qu'il riposterait en cessant de livrer de l'électricité à l'Ukraine. Il a en outre proposé à Poutine son pays pour organiser des négociations de paix avec l'Ukraine.

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Sme (SK) /

L'enjeu n'est pas l'énergie

Sme fait part de son exaspération :

«L'Ukraine refuse de prolonger les contrats permettant le transit de gaz russe qui permettent à la Russie et à Vladimir Poutine de financer son agression militaire. Elle a clairement communiqué cette intention, confirmée à plusieurs reprises vis-à-vis de Robert Fico. ... Au lieu de chercher des alternatives au gaz russe et, avec le renfort d'alliés, de réelles solutions au conflit en Ukraine, Fico collabore avec le principal agresseur militaire actuel. En République tchèque, on a dit préférer assurer l'indépendance énergétique pour ne pas se couvrir de honte en rampant devant Poutine. La visite de Fico à Moscou n'a été d'aucune utilité pour la Slovaquie. Elle a seulement montré une fois de plus que sa 'politique étrangère souveraine de la Slovaquie' vise avant tout à trahir des alliés, à insulter ses partenaires et à se prosterner devant des dictateurs.»

Aktuálně.cz (CZ) /

Une métamorphose ultrarapide

Aktuálně.cz déplore cette évolution :

«Robert Fico et son gouvernement montrent à quelle vitesse un régime occidental relativement normal peut basculer et devenir un instrument de la politique de Vladimir Poutine. Il va sans dire que le président russe cherche à miner l'unité européenne autant que possible. Aux menaces de Fico, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a répondu en ces termes : 'Le maître de la Russie, Vladimir Poutine, a autorisé le Premier ministre de la Slovaquie, Robert Fico, à ouvrir un deuxième front énergétique face à l'Ukraine, au détriment des intérêts de la population de ce pays.' Zelensky a mis le doigt sur le problème.»

Fakti.bg (BG) /

Trump devrait suivre l'exemple

Pour fakti.bg, la démarche de Robert Fico dans la recherche de la paix est cohérente :

«Il y a deux mois déjà, la Slovaque avait dit ne pas vouloir apporter d'aide militaire à l'Ukraine, bien que Bratislava soit membre de l'OTAN. Un mois avant l'investiture de Donald Trump, le Premier ministre slovaque a proposé son pays pour accueillir de futurs pourparlers de paix entre la Russie et l'Ukraine. Vladimir Poutine a accepté son offre, mais Volodymyr Zelensky a perdu sa contenance. ... Robert Fico a fait le premier pas, Donald Trump devrait faire le suivant pour mettre fin à l'effusion de sang à l'Est.»

Új Szó (SK) /

Une stratégie qui ne fonctionnera pas à long terme

A la longue, les positions pro-Poutine ne seront pas soutenables en Europe, souligne Új Szó :

«Les arguments pro-russes de Viktor Orbán et de Robert Fico risquent d'être bientôt affaiblis par la proposition, voire la 'menace' de Donald Trump qui a invité l'UE à réduire ses dettes à l'égard des Etats-Unis en augmentant les importations de matières premières telles que le gaz naturel liquéfié et le pétrole en provenance des Etats-Unis. Ceci crée une situation complètement nouvelle et pourrait entraîner une indépendance énergétique de l'UE par rapport à la Russie. Pour cette raison, les arguments pro-Poutine semblent battre de l'aile. ... Si l'Europe ne dépendait plus des matières premières russes, Vladimir Poutine pourrait perdre toute influence sur l'Europe.»

Aktuality.sk (SK) /

La Slovaquie ne peut faire office d'intermédiaire

Peu avant Noël, le Premier ministre slovaque Robert Fico a créé la surprise en rendant visite à Vladimir Poutine et en se proposant comme médiateur dans des négociations de paix - une suggestion que désapprouve le site d'informations Aktuality.sk :

«Notre politique extérieure pro-occidentale est clairement ancrée dans la loi, notre appartenance à l'OTAN et à l'UE fait partie intégrante du programme que le gouvernement s'est engagé à suivre. Une adhésion à l'OTAN est incompatible avec la neutralité. Fico se rend coupable de trahison. ... Il existe un précédent historique à cette idée de neutralité datant de l'époque où la Tchécoslovaquie pensait pouvoir faire office de passerelle entre Est et Ouest. Ce fut la réaction du président Edvard Beneš aux accords de Munich, ressentis comme une trahison des Alliés avant la Seconde Guerre mondiale. Son intention était de garantir la sécurité du pays tant à l'Ouest qu'à l'Est. ... Par la suite, les Russes devaient exploiter ces accords pour justifier le putsch communiste de 1948 puis l'invasion du pays par les troupes soviétiques en 1968