Fico et Orbán : une nouvelle alliance anti-UE ?
Après s'être rencontrés à Budapest, les Premiers ministres slovaque et hongrois, Robert Fico et Viktor Orbán, se sont attachés à souligner leurs relations privilégiées. Les deux pays n'ont jamais été en meilleurs termes, a déclaré Orbán. Les commentateurs évoquent leurs similitudes et différences
Pas dans l'intérêt de la Slovaquie
Aktuality.sk fustige Fico :
«Il tente d'imiter l'ancien Premier ministre polonais Jarosław Kaczyński et de créer avec la Hongrie un tandem d'Etats insoumis au sein de l'UE. Mais il n'est pas dans notre intérêt de former un tandem avec Viktor Orbán, qui se plait à arborer en public une écharpe de la Grande Hongrie, sur laquelle on peut voir le territoire slovaque appartenir à la Hongrie. ... Dans ces circonstances, notre intérêt national requiert de nous mettre en quête d'alliés, de préférence au sein de l'Union. ... Les intérêts slovaques sont en adéquation avec les intérêts de l'UE, et non avec ceux d'Orbán.»
Un rapprochement avec Moscou
Fico se détourne de l'UE pour former une "union hongroise", déplore Pravda :
«Les deux Premiers ministres ont pour points communs leur opposition à Bruxelles et leur sympathie pour Moscou. La date de leur rencontre à Budapest n'a pas été choisie au hasard. Cette semaine, le Parlement européen débat de la question de l'Etat de droit en Hongrie. ... Le lendemain du sommet à Budapest, les eurodéputés ont adopté une résolution critique à l'égard des modifications apportées au code pénal en Slovaquie. ... C'est un signal clair pour la Commission européenne, mais aussi pour les autres pays membres et le Conseil européen. Mais au sein du Conseil, les deux Premiers ministres ont un droit de veto. Ils peuvent se protéger mutuellement.»
Un parti pris toujours plus évident
Hospodářské noviny tire le bilan suivant de la rencontre :
«Fico, qui à ce jour, n'a pas mis de bâtons dans les roues lors des négociations au sein de l'UE, s'est rapproché d'Orbán en allant lui rendre visite à Budapest, ce dernier étant perçu comme une sorte de cheval de Troie russe au sein de l'Union. Lors du sommet européen du 1er février, on pourra constater à quel camp appartiennent véritablement Robert Fico et son gouvernement. Si certains se posaient encore la question, sa visite à Budapest donne déjà un avant-goût assez clair.»
Fico n'est pas l'égal de Kaczyński
Fico ne constitue pas un allié idéologique pour Orbán, commente hvg :
«La tâche était plus aisée avec la Pologne, car Jaroslaw Kaczyński faisait de l'éloignement maximal entre son pays et l'UE un principe, voire même un principe cardinal. ... Alors que les Polonais ont tendu la main à Orbán pour des raisons idéologiques, c'est pour des motifs très différents que Fico entend mettre en place cette coopération. ... Depuis la victoire électorale du Premier ministre slovaque fin septembre, on voit bien que la politique de Fico est bien plus sur la retenue que celle de son homologue hongrois.»