Sommet de l'extrême droite européenne à Madrid
Répondant à une invitation du parti espagnol Vox, des figures de premier plan de l'extrême droite européenne se sont retrouvées à Madrid samedi pour présenter leur vision alternative de l'avenir de l'Europe, suivant un mot d'ordre d'inspiration trumpienne intitulé "Make Europe Great Again". Les commentateurs voient cette rencontre d'un œil extrêmement critique.
Une entente de façade
Gazeta Wyborcza ne fait pas confiance à la bonne entente affichée :
«Les nationalistes et responsables d'extrême droite rassemblés se sont efforcés de se montrer unis face à un ennemi commun, tout en passant sous silence leurs divergences actuelles, qui risquent de mettre à mal, à l'avenir, leur Internationale, en raison de postulats contradictoires. Ils ont réclamé d'une seule voix la fermeture des frontières européennes aux immigrés, la défense de la famille et de la démocratie et l'abolition du projet d'une Europe unifiée. Pas un mot en revanche sur les digressions antieuropéennes de Donald Trump, telles que sa menace d'imposer des droits de douane sur des importations européennes, ni la menace encourue par l'Europe et les démocraties européennes par les velléités impériales de la Russie de Vladimir Poutine.»
Freinons ensemble les néofascistes
Le portail Web In appelle à la formation d'une vaste contre-alliance pour mettre le holà aux aspirations hégémoniques de l'ultradroite :
«Racisme, misogynie, homophobie, néolibéralisme sous sa forme la plus extrême, coupes dans les dépenses sociales publiques : tel est l'avenir qu'elle dessine pour l'UE. L'ultradroite se dresse et revendique non seulement d'être représentée dans les parlements, mais aussi d'investir les gouvernements. ... Comment freiner sa progression ? Le bon sens nous intime que l'unique solution envisageable consiste à fédérer les forces politiques opposées à l'irrationalité des obscurantistes et des néofascistes pour former un front le plus large possible.»
Une cinquième colonne nostalgique du Moyen-Age
Eldiario.es s'attarde sur les références à l'expulsion des Sarrasins de la péninsule ibérique par les Chrétiens, achevée en 1492 :
«Cette rencontre rappelle une de ces blagues qui commencent par la formule 'Un Anglais, un Français et un Espagnol entrent dans un bar ...'. Mais bon sang, cette fois-ci, un Hongrois, un Italien, une Française, un Estonien, un Polonais, un Portugais, un Néerlandais, un Autrichien, un Tchèque et un Espagnol se retrouvent à Madrid pour réclamer une nouvelle 'Reconquista'. ... Une tentative de plus de remettre au goût du jour les vieilles ritournelles du nationalisme espagnol. Cette Reconquista n'est rien d'autre qu'une contre-attaque, une guerre culturelle qui s'est emparée de la moitié de la planète. ... 'Make Europe Great Again', ont clamé les 'patriotes'. Tellement patriotes qu'ils n'ont aucun scrupule à être la cinquième colonne de Trump. ... Les nouveaux reconquérants nous attaquent de front.»
Les contradictions du Fidesz
Orbán se dédit, critique Magyar Hang :
«Lorsque Victor Orbán a pris la parole ce week-end lors de la rencontre des patriotes à Madrid, il a foulé aux pieds la souveraineté de l'Espagne. Du moins est-ce la seule interprétation que l'idéologie du Fidesz permette de faire des événements, puisque le Premier ministre hongrois a clairement déclaré qu'il espérait que Vox, parti espagnol allié à sa formation, accède un jour au pouvoir. ... On est en droit de se poser la question : s'il trouve cela normal, pourquoi Viktor Orbán s'offusque-t-il de ce que son ancien allié au sein du PPE, Manfred Weber, dise qu'il aimerait voir le parti [d'opposition] Tisza arriver au pouvoir ?»