Le président roumain, Klaus Iohannis, démissionne

Klaus Iohannis aurait dû passer le relais à la tête de la Roumanie en décembre, mais avec l'annulation du scrutin présidentiel, il a joué les prolongations. Un choix critiqué par les partis d'extrême droite, qui ont lancé une procédure de destitution à son encontre, estimant qu'il avait dépassé la limite de deux mandats de cinq ans. La procédure a aussi été soutenue par le parti libéral USR. Iohannis a finalement annoncé sa démission, préférant anticiper le vote au Parlement. Réactions mitigées du côté de la presse.

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Deutsche Welle (RO) /

Un bilan de politique étrangère positif

Il y a deux moments charnières dans ces dix ans de mandat, juge le service roumain de Deutsche Welle :

«Février 2022, lorsqu'il avait décidé sans hésiter que la Roumanie devait se ranger sans condition du côté de l'Ukraine et de ses alliés. Et novembre 2024, lorsque, sur la base des informations remises par ses alliés, il avait convoqué le Conseil suprême de la défense nationale pour faire la lumière sur le premier tour [de la présidentielle], le renseignement roumain n'ayant pas réagi dans un premier temps. Iohannis a maintenu le cap occidental du pays, ce qui est loin d'être aisé dans une région où le Kremlin joue les agitateurs, dérègle la boussole des pays voisins, et séduit ou soudoie les politiques.»

G4Media.ro (RO) /

Une inertie chronique

G4Media.ro se montre beaucoup plus critique de Iohannis :

«Son legs politique, c'est l'essor dangereux de l'extrémisme, du populisme et des partis favorables à une sortie de l'UE et de l'OTAN. La Roumanie a par ailleurs connu une autre première inédite sous l'égide de Iohannis : l'annulation de la présidentielle, justifiée par des allégations d'immixtion russe. Le fait qu'il soit resté en fonction par la suite - un choix jugé légal par la Cour constitutionnelle - a courroucé une partie de l'électorat, qui le considérait depuis comme un président illégitime. ... Parmi les présidents qui ont officié depuis la chute du communisme, il a détonné par son absence, son désintérêt pour le pays et son inertie chronique. ... Il a vraisemblablement confondu la présidence avec la fonction pépère de maire d'une ville de province.»

Frankfurter Allgemeine Zeitung (DE) /

La nécessité d'un nouveau départ

L'annulation controversée de la présidentielle continue d'ébranler la politique roumaine, juge Frankfurter Allgemeine Zeitung :

«Car même si Iohannis aime se poser en 'Monsieur Propre', il fait partie de la caste politique du pays. Il s'était rapidement arrangé avec le parti au pouvoir PSD et avait intégré son système féodal fortement corrompu. Mais surtout, toute la lumière n'a pas été faite sur le rôle joué par Iohannis lors du premier tour de la présidentielle, scrutin entouré de nombreux points d'interrogation, et dont la Cour constitutionnelle, proche du PSD, a rapidement annulé le résultat. Il faut espérer qu'en Roumanie, Etat membre de l'UE et de l'OTAN, la société réussisse enfin à se défaire de l'emprise des anciens réseaux de pouvoir et amorce un nouveau départ.»