Autriche : échec des pourparlers de coalition FPÖ/ÖVP

Les négociations de coalition entre conservateurs (ÖVP) et extrême droite (FPÖ) ont échoué, mercredi à Vienne. La principale pomme de discorde a été la répartition des portefeuilles de ministères, selon le chef du FPÖ Herbert Kickl. Auparavant, les partis social-démocrate (SPÖ), conservateur (ÖVP) et libéral (Neos) n'avaient pas non plus su trouver un accord. Les commentateurs tentent d'expliquer pourquoi et évoquent la suite des évènements.

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Kurier (AT) /

Un spectacle déconcertant

Kurier en vient à douter que le FPÖ trouve jamais un partenaire de coalition :

«Il est fort possible que la machine à propagande du FPÖ réussira à rejeter toute la responsabilité de son propre échec sur les conservateurs et les autres forces du 'système'. ... Après le spectacle affligeant de ces derniers jours, on a du mal à s'imaginer que qui que se soit soit encore disposé à faire coalition avec le FPÖ dans un avenir proche. L'épisode pourrait également avoir des conséquences pour Kickl. Sa nomination à la tête du FPÖ en 2021 avait fait grincé pas mal de dents parmi les cadres du parti, qui se demandaient s'il était le bon choix, en raison de son style radical. ... Il se peut que leurs avis aient plus de poids à l'avenir.»

Neue Zürcher Zeitung (CH) /

Kickl a montré son vrai visage

Le chef du FPÖ est allé clairement trop loin, critique Neue Zürcher Zeitung :

«Depuis qu'il est entré en politique il y a trente ans, il a fait de la provocation son fonds de commerce. Il faut croire que cette fois-ci, il a poussé le bouchon trop loin, amenant les conservateurs à renverser la table, eux qui voulaient pourtant à tout prix éviter de nouvelles élections anticipées. ... Le chef du FPÖ a laissé filer une chance qui ne se représentera peut-être pas de sitôt. A deux doigts de devenir chancelier, il a décidé de tenter le jackpot au lieu de décrocher des réussites moins nombreuses, mais sûres, pour ses électeurs. ... Kickl a montré son vrai visage. Comme son prédécesseur Jörg Haider avant lui, il rêve d'une Troisième République. Mais son rêve n'est pas porté par une majorité dans ce pays.»

Corriere della Sera (IT) /

Pas de tournant radical pour l'instant

Kickl a péché par voracité, estime également Corriere della Sera :

«Pas plus tard que samedi dernier à Madrid, les 'Patriotes' célébraient la 'reconquête' de l'Europe et la possibilité qu'un des leurs investisse bientôt la chancellerie autrichienne. Mais les choses ont pris un autre tour, FPÖ et ÖVP n'ont pas su trouver un terrain d'entente sur la Russie et la guerre en Ukraine, sur les relations avec l'UE, mais aussi sur la demande de Kickl d'obtenir le contrôle des services secrets, le ministère des Finances et celui de l'Intérieur, portefeuilles décisifs pour un tournant radical de la politique migratoire.»

Salzburger Nachrichten (AT) /

Des élections anticipées n'apporteraient rien

Salzburger Nachrichten explore les pistes pour la suite :

«Et maintenant ? La reprise des entretiens exploratoires entre ÖVP, SPÖ et Neos serait une possibilité. ... La décision du président de la République d'opter pour un gouvernement technique ou minoritaire serait une autre possibilité. ... Il y a bien sûr aussi la possibilité d'élections anticipées. Mais elle ne nous apporterait rien si ce n'est, rebelote, des mois de campagne électorale et, rebelote, des mois de négociations de coalition. Peut-être même un FPÖ encore plus fort que maintenant. On n'aurait rien gagné au change – et on aurait beaucoup perdu. Un temps précieux, notamment.»

taz, die tageszeitung (DE) /

Un pays en mal de projet

L'ÖVP et le SPÖ doivent remettre en cause leurs fondamentaux, souligne le quotidien taz :

«Car l'Autriche n'a jamais été aussi éloignée d'un gouvernement opérationnel. L'ÖVP et le SPÖ n'ont pas réussi à se mettre d'accord. Les compromis impliqués étaient trop importants, les egos des uns et des autres surdimensionnés et les grands partis d'hier trop rigides pour se réformer. ... Si ces derniers veulent encore sauver les meubles, il doivent avant toute chose faire preuve de sincérité et de la volonté d'envisager les choses sous un autre angle. Pendant des décennies, l'ÖVP et le SPÖ ont été plus gestionnaires que visionnaires pour l'Autriche. Quel avenir veulent-ils pour ce pays au cœur de l'Europe ? Les grands partis d'hier doivent trouver une réponse à cette question.»