Législatives allemandes : de premières conclusions
Les conservateurs de la CDU/CSU, réunis autour du candidat à la chancellerie Friedrich Merz, ont remporté les 21e élections législatives allemandes, avec 28,5 pour cent des suffrages. Bien que le SPD, parti du chancelier sortant, ait obtenu le pire score de son histoire, une grande coalition entre les deux formations est envisagée. La formation d'extrême droite AfD (20,8) se classe en seconde position, tandis que Bündnis 90/Die Grünen (écologistes) et Die Linke (gauche radicale) ont obtenu respectivement 11,6 et 8,8 pour cent.
Ce sont deux perdants qui vont gouverner
Plus rien ne s'oppose à la formation d'une grande coalition CDU/SPD, écrit Club Z :
«C'est une bonne nouvelle au sens où cette coalition étant voulue par les deux partis, elle pourra se conclure rapidement. Elle pourra prendre des décisions plus vite et aura moins de compromis à faire. La lenteur de la coalition 'feu tricolore' a été à le ferment de sa chute. La mauvaise nouvelle, c'est que la grande coalition sera en réalité une petite coalition, car CDU et SPD ayant engrangé des scores comparativement mauvais, ils auront besoin du soutien d'autres partis au Bundestag s'ils veulent par exemple modifier la Constitution, réformer le 'frein à la dette' ou voter des budgets d'urgence [qui requièrent la majorité des deux tiers].»
L'AfD attend son heure
La mission première des chrétiens-démocrates et des sociaux-démocrates consistera à redécouvrir l'art du compromis, écrit Respekt :
«S'ils n'y parviennent pas et que le prochain cabinet se déchire en public aussi violemment que ne l'a fait le précédent, la lassitude de l'électorat envers les élites politiques en général gagnera du terrain. Cela soufflera dans les voiles d'un parti farouchement opposé au système dans son ensemble : l'AfD. En multipliant son score par deux, l'AfD apparaît comme la grande gagnante du scrutin. ... Pour l'instant, personne ne veut gouverner aux côtés de l'AfD, en raison de ses positions extrémistes. Mais si les négociations de coalition ne débouchent pas sur un compromis viable, ce parti ultradroite pro-russe n'aura aucun mal à prendre la première place en 2029.»
La gauche renaît de ses cendres
Sme souligne le score surprise de la gauche radicale :
«Die Linke a réussi à mobiliser. Elle le doit notamment à la prestation de figures de proue charismatiques comme Heidi Reichinnek et Ines Schwerdtner, très actives sur les réseaux sociaux, où elles ont condamné la CDU, qui avait remporté un vote au Bundestag grâce aux voix des extrémistes. Elles ont clairement défini leurs priorités : lutte contre les inégalités sociales, plus forte imposition des riches, baisse des loyers et du prix des transports publics. La stratégie du parti a surtout séduit les jeunes électeurs : dans le groupe d'âge des 18 à 24 ans, Die Linke s'est classée en première position avec 25 pour cent des voix, devançant de quatre points sa grande concurrente, l'AfD.»
Il en va de la confiance dans le système
Der Spiegel rappelle qu'au cours des quatre années de mandat qui s'annoncent, Friedrich Merz devra aussi défendre la démocratie libérale :
«S'il échoue, elle pourra probablement plier boutique. Aux prochaines élections, l'AfD améliorera encore son score, peut-être en se plaçant en première position. Le chancelier aura pour mission de restaurer la confiance en une politique centriste, voire même dans le système en soi, dans la supériorité de la démocratie libérale face aux approches autoritaires. Jamais, depuis la réunification allemande, aucun chancelier ni aucune chancelière ne s'était trouvé devant une tâche aussi monumentale.»