Turquie-UE : nouvelle proximité, nouvelles opportunités ?

Sur fond de relations troublées avec les Etats-Unis, l'UE cherche de nouveaux moyens de renforcer sa défense. Une possibilité passe par la Turquie, forte d'une armée et d'une industrie militaire considérables. Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, aurait déjà appelé les Etats de l'UE à intensifier leur coopération avec Erdoğan. Celui-ci, pour sa part, remet sur le tapis une adhésion à l'UE, qu'il qualifie de 'priorité stratégique'. Est-ce l'amorce d'un grand accord ?

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De Volkskrant (NL) /

Un climat favorable au rapprochement

Les Européens comprennent qu'ils doivent faire davantage pour leur propre défense, analyse De Volkskrant :

«A court terme, en raison de la guerre en Ukraine, et à long terme, parce qu'une infrastructure de défense européenne doit être élaborée, car on ne peut plus se fier aveuglement aux Etats-Unis. Sur les deux plans, les Turcs sont très utiles. Erdoğan a eu la sagacité de coupler la question de la défense européenne à une autre question : l'adhésion de la Turquie à l'UE. ... Par le biais de la coopération sur la défense, la Turquie espère relancer les négociations sur l'union douanière, les facilitations de visa et, in fine, réactiver la perspective de l'adhésion à l'UE. Le climat n'y avait jamais été aussi favorable.»

Yetkin Report (TR) /

Une hypocrisie européenne

L'UE veut tirer profit de la puissance militaire de la Turquie sans pour autant accueillir le pays dans ses rangs, lit-on sur le blog Yetkin Report :

«L'hypocrisie, qui suscite visiblement des controverses au sein de l'UE elle-même, réside dans l'arrogance qu'il y a à envisager la Turquie comme la composante de l'hypothétique 'nouvelle architecture de sécurité européenne', sans pour autant évoquer la question de son adhésion à l'UE. A l'ère Trump, les relations Turquie-UE sont prises dans un triangle formé par la pression américaine, la peur de la Russie et le patchwork de 'l'Europe des valeurs'. Les centres de pouvoir traditionnels de l'UE veulent le soutien des forces armées turques face à la Russie, sans pour autant parler d'adhésion. C'est une hypocrisie.»

Karar (TR) /

La Turquie ne peut adhérer à l'UE en l'état

L'adhésion à l'UE relève de la chimère à l'heure actuelle, rétorque Karar :

«Certes, Trump met l'Europe en difficulté, et celle-ci cherche une issue à ses problèmes économiques et politiques. De ce point de vue, l'intégration de la Turquie au sein de l'UE serait une étape importante dans la formation d'un nouveau bloc hégémonique. Ce qui ne veut pas dire que l'UE oubliera les valeurs européennes de démocratie, d'Etat de droit, des libertés et des droits de l'homme, et qu'elle accueillera la Turquie les bras ouverts. Le nouveau rêve européen d'Ankara peut se résumer de la façon suivante : L'Europe a besoin de nous ? Très bien, alors qu'elle nous passe notre 'régime de tutelle à la turque', notre anomie, notre mépris de la liberté d'opinion et de la presse, et qu'elle fasse de nous un membre à part entière !»

Liberal (GR) /

L'Europe quémande à la cour du Sultan

Le portail Libéral commente :

«En situation d'urgence, l'Europe se tourne vers la Turquie pour trouver une 'solution magique' à la sécurité européenne et rétablir son rôle stratégique. Oui, l'Europe des valeurs et des principes, de la démocratie et de l'Etat de droit se retrouve en position de quémandeuse auprès d'Erdoğan pour trouver une issue à son impasse stratégique. ... L'incapacité des pays européens à répondre à la question de savoir qui serait prêt à déployer une force d'interposition en Ukraine la fait se tourner vers la Turquie. Celle-ci ne rejettera jamais l'éventualité d'envoyer 10 000 ou 20 000 hommes (voire plus) - un rôle que l'Europe ne veut ou ne peut pas assumer. Le débat sur la nouvelle architecture sécuritaire de l'Europe, dont la Turquie doit faire partie, n'est autre qu'un joli emballage d'une réalité plus crue : le 'sale boulot' qu'elle veut confier à la Turquie.»