Le budget du Portugal ne plaît pas à la Commission
Le gouvernement portugais a voté jeudi son projet de budget 2016, bien que la Commission européenne n'ait pas fini de le passer au crible. Cette dernière juge trop optimiste un grand nombre des prévisions du nouveau gouvernement minoritaire socialiste. Va-t-on vers une nouvelle passe d'armes sur l'austérité ?
Fin de l'austérité : les espoirs déçus des Portugais
Après la présentation du budget et l’avis critique de Bruxelles, le quotidien économique-libéral Jornal de Negócios affiche un optimisme mâtiné de prudence :
«Le gouvernement reprend d’une main ce qu’il donne de l’autre. En fin de compte, la charge fiscale restera aussi lourde qu’en 2015. Une chose changera : cette charge sera désormais répartie sur plusieurs épaules. … La moins bonne nouvelle était tombée avant la confrontation avec Bruxelles : ... le déficit sera certes moindre, mais la promesse d’abaisser les impôts est passée aux oubliettes. La croissance économique sera elle aussi plus faible que prévu. Le Premier ministre Antonio Costa et les partis de gauche ne peuvent que jeter la pierre aux 'libéraux de Bruxelles'. Il convient de constater, malgré tout cela, que la politique d’austérité sera moins dure que celle menée par le gouvernement précédent.»
Le Portugal en terrain miné
Face à la Commission européenne, l'arrogance est une attitude déplacée, estime l’hebdomadaire libéral Expresso :
«En présentant son budget prévisionnel, le gouvernement s’aventure en terrain miné. Il est certes légitime qu’il se batte et essaie d’arracher des compromis à Bruxelles dans la mise en application des mesures qu’il défend. Mais à pousser trop loin le bouchon, il risque de se brûler les doigts – d’autant plus qu’actuellement, il n’y a plus de marge de repli et notre financement reste dépendant de la bonne volonté externe. … Les agences de notation, la Commission européenne ou encore le Conseil des finances publiques : elle est longue la liste des institutions qui ont multiplié ces derniers jours avertissements et réserves.»
Lisbonne doit défendre sa souveraineté
Le quotidien libéral Público critique pour sa part l’obstination de Bruxelles et appelle le nouveau gouvernement socialiste à faire valoir la voix du Portugal :
«A Bruxelles, on s’obstine à imposer un agenda particulièrement opaque et impitoyable, et on se comporte comme si rien n’avait changé à Lisbonne. On feint également d’ignorer que de grossières erreurs ont été commises dans le cadre des soi-disant 'programmes d’adaptation'. … Bruxelles doit reconnaître que la volonté des Portugais compte, et qu’il y a un avant et un après 4 octobre 2015 [date des élections législatives]. Un gouvernement qui renonce à défendre sa souveraineté dupe les électeurs, mais il devient aussi une simple caricature de démocratie.»