Comment l'Europe doit-elle combattre Daech ?
Le matérialisme occidental laisse les jeunes musulmans sur leur faim
Les sociétés occidentales matérialistes et superficielles n’ont rien à offrir aux jeunes qui cherchent à donner un sens à leur vie, critique The Irish Independent :
«Peut-être certains jeunes poursuivent-ils dans leur vie un but supérieur à l’acquisition du dernier appareil électronique sorti sur le marché. Peut-être aspirent-ils à un modèle d’un niveau intellectuel légèrement supérieur à celui des Kardashian dans leur émission de téléréalité, ou à celui d’une top modèle écervelée à laquelle ils veulent ressembler. Si nous ne sommes pas capables de proposer aux jeunes, comme le fait Daech, un but dans la vie, nous sommes voués à perdre cette guerre des valeurs. Nous savons que l’Homme n’est pas seulement en quête de nourriture terrestre, et notre fixation sur les questions économiques nous rend peut-être aveugles à la force d’attraction que peut exercer sur les jeunes une idée visionnaire – pour dévoyée que celle-ci puisse être.»
En vacances, la sécurité est l'impératif numéro un
Suite aux attentats, des soldats armés de pistolets mitrailleurs patrouillent dans les sites touristiques français. Cela assombrit quelque peu le tableau estival, mais la mesure est justifiée, estime le portail Internet Protagon :
«Les hélicoptères qui tournoient au-dessus des têtes des vacanciers n'ont-ils pas quelque chose d'angoissant ? Ou encore lorsqu'une voiture de police est garée à côté d'un marchand de glaces et que des gardiens de la paix lourdement armés se promènent au milieu des corps enduits d’ambre solaire ? ... Certes, mais tout changement qui vise à augmenter la sécurité est le bienvenu. A Dunkerque, l’itinéraire habituel suivi par la procession de l’Assomption a été modifié ce 15 août. On a évité les grands axes, se repliant sur les petites ruelles. Car personne ne peut y perpétrer une attaque avec un immense camion, comme à Nice, où 84 personnes ont été tuées en l’espace de quelques minutes.»
Voilà comment on peut combattre l'extrémisme
Des enseignants de la célèbre université Al-Azhar au Caire ont présenté un projetqui prévoit de réformer la formation des imams. Seuls les diplômés d’une nouvelle école, contrôlée par l’Etat, pourraient avoir le droit à l’avenir de prêcher dans les mosquées. Une idée novatrice, se réjouit The Times :
«Les autorités religieuses sont les plus à même de combattre l’extrémisme. Lorsque les gouvernements tentent de placer les mosquées sous surveillance policière, d’espionner la prière ou de déradicaliser les jeunes hommes embrigadés, cela fonctionne rarement. La Grande-Bretagne l’a appris à ses dépens. Le Conseil des mosquées de Grande-Bretagne a déjà lancé un programme remarquable visant à améliorer la formation des imams. Si l’université Al-Azhar parvient à faire la même chose pour le monde sunnite, alors l’Egypte pourrait permettre d’assurer la protection durable du courant principal de l’islam face à la rage dévastatrice de l’extrémisme.»
Ne pas négliger la "génération Allah"
Le quotidien Svenska Dagbladet appelle à consacrer davantage d'attention aux enfants et aux jeunes pour prévenir le risque de radicalisation :
«On aurait tort de sous-estimer la culture parallèle qui se propage aujourd'hui parmi les jeunes, véhiculant une vision du monde diamétralement opposée à la nôtre, et qui considère que la violence fait partie intégrante du combat : c’est l’avertissement donné par le psychologue Ahmad Mansour, qui a enregistré des réussites dans le travail de déradicalisation qu'il mène à Berlin. C’est lui qui a forgé la notion de 'génération Allah', dont la vision du monde salafiste fait le lit du terrorisme. … Nous devons nous demander ce que la société est prête à faire pour empêcher que ses enfants n’adhèrent à ce nouveau mouvement destructeur.»
Garder la tête froide
Deux policières ont été blessées samedi en Belgique suite à une attaque à la machette. L'auteur des faits, un ressortissant algérien, n'avait pas de permis de séjour et aurait dû être expulsé. Il serait toutefois déplorable de soupçonner systématiquement tous les immigrés, selon Le Soir :
«[N]ous aurons tous intérêt à la garder froide dans les mois qui viennent. Sachant que l’agresseur de Charleroi était en séjour illégal et aurait dû quitter le territoire, le risque est grand que demain la question des clandestins ne se transforme en un piège pour le vivre ensemble. Qui n’aurait pas ses papiers en ordre deviendrait suspect de sympathies avec Daech. Qui demanderait l’asile serait potentiellement dangereux en cas de refus. Méfiance et repli sur soi. A la psychose s’ajouterait un déficit d’humanité. Nous méritons mieux que cela.»
L'UE doit intervenir enfin militairement
L’UE doit participer enfin à la guerre contre le groupe terroriste Daech, réclame La Stampa :
«On ne triomphe pas du terrorisme à Nice, Munich, Istanbul et Dacca. Dans ces lieux, il faut seulement se défendre, limiter la casse. … On gagne la guerre en attaquant Raqqa et Syrte [bastions de l’organisation en Syrie et en Libye]. … Rome hésite encore à intervenir en Libye, bien qu’elle revendique théoriquement un leadership sur la question. Elle assure une mission minimale en Irak, où elle surveille néanmoins le barrage de Mossoul. L’Italie fait donc quelque chose, même si son action est limitée. L’UE, en revanche, brille par son absence ; elle préfère rêver à nouveau d'une 'défense européenne', sur le papier du moins. Mais ceci restera un vœu pieux, une fuite en avant, si l’Europe ne réfléchit pas aux moyens de participer à la guerre contre Daech. Ainsi seulement pourra-t-elle éliminer la matrice du terrorisme. Voilà la 'défense européenne' : en Méditerranée.»
Des Etats stables, seul antidote au terrorisme
Les revers territoriaux ne nuiront pas à Daech tant que l'organisation bénéficiera de l'instabilité politique des pays en conflit, analyse Le Figaro :
«[S]i des batailles sont gagnées, la guerre contre l'hydre islamiste est, elle, loin d'être terminée. … Parce qu'en Libye, comme en Irak et en Syrie, règne l'anarchie. Un contexte propice pour que les soldats de Daech entrent dans la clandestinité et changent leur mode d'action. Au lieu de se présenter en colonnes organisées au combat, ils vont de plus en plus se transformer en kamikazes au cœur des villes. A l'instar des terroristes d'Al-Qaida. Début juillet, l'attentat de Bagdad, l'un des plus meurtriers de l'histoire de l'Irak, a fait quelque 320 morts. Aussi longtemps que ces pays n'auront pas retrouvé une stabilité politique, la terreur prédominera. Reconstruire de vrais Etats pour y mettre fin est d'ailleurs l'immense défi posé à la communauté internationale.»
L'Europe sans feuille de route
Face au terrorisme, à la guerre au Proche-Orient et à la crise des réfugiés, l’Europe s’avère totalement impuissante actuellement, analyse le professeur de théologie Michał Wojciechowski, dans une tribune au quotidien Rzeczpospolita :
«Aujourd’hui, à l’apogée de tous les conflits, l’Europe privilégie l'improvisation et la défensive. Elle n'est capable de réagir ni à la guerre qui dévaste son voisinage, ni à l’afflux de migrants. Le temps presse pour l’Europe. Le problème est lié au fait que de nombreux politiques, qui ont été élus démocratiquement, ne sont pas au niveau. Ils sont seulement bons à lancer des promesses irresponsables, à faire bonne impression. Il y a d'autres raisons : l’idéologie multiculturelle, ainsi que des politiques qui privilégient le politiquement correct.»
Sarkozy veut sacrifier l'Etat de droit
En France, 10 000 malfaiteurs islamistes potentiels font l'objet d'une fiche S (atteinte à la sûreté de l'Etat). Le leader d'opposition Nicolas Sarkozy a demandé l'arrestation de toutes les personnes soupçonnées de terrorisme. Une évolution effrayante, juge le journal Dagens Nyheter :
«Enfermer des personnes qui n'ont commis aucun crime : une procédure illégale, généralement associée à d'autres régimes que la démocratie. Cette proposition aurait déjà été grave si elle avait été faite par la présidente du Front national, Marine Le Pen. Or elle émane d'un ex-président et actuel chef de file du parti de droite, qui entend se présenter aux prochaines présidentielles. ... D'ici moins d'un an, dans l'un des plus grands pays de l'UE, un scrutin aura pour principaux protagonistes la candidate d'un parti d'extrême droite et un individu qui ne respecte ni la Constitution ni les principes de l'Etat de droit. Une situation pour le moins préoccupante. »
La coalition anti-Daech jette de l'huile sur le feu
Plusieurs civils sont morts en Syrie suite à des frappes aériennes effectuées par la coalition internationale anti-Daech les 18 et 19 juillet. Par ailleurs, les responsables de la coalition ont attendu le 27 juillet pour ouvrir officiellement une enquête sur les faits. De tels procédés ne font que renforcer l'ennemi, déplore Le Courrier :
«Huit jours après les faits, l’alliance formée par une dizaine de pays, dont les Etats-Unis, la France, la Grande Bretagne et plusieurs Etats du Golfe, ne saurait toujours pas quels avions auraient largué les bombes… Quoi qu’il en soit, le mythe des 'frappes chirurgicales' a fait long feu. Sur les 770 bombardements sur la Syrie et l’Irak que la France a effectués depuis septembre 2015, combien ont touché des civils ? Quelle proportion de leurs parents, amis ou voisins soutiendront Daech pour se venger de cette 'agression occidentale' ? Et combien de détraqués fanatiques vivant en Europe en prendront prétexte pour passer à l’acte terroriste ? Loin de rétablir la sécurité, l’histoire a montré que l’accélération de la logique guerrière fait grandir le démon terroriste.»
Contre le tout-sécuritaire, pour les valeurs européennes
Dans sa lutte contre le terrorisme, l'Europe ne doit pas imiter les Etats-Unis en misant sur le tout-sécuritaire et en affaiblissant la démocratie, met en garde El Periódico de Catalunya :
«En Europe, il y a eu plusieurs '11-Septembre'. Après l'attentat contre Charlie Hebdo ou les attentats de novembre 2015, François Hollande a tenu des discours qui auraient pu être ceux de George W. Bush. Au nom de la sécurité, la France a pris des mesures qui ressemblent beaucoup au Patriot Act. ... Depuis le 11-Septembre, notre seule réponse aux attentats est le renforcement de la sécurité et de l'armée. L'Europe a peur et imite les Etats-Unis, avec le même résultat : plus on privilégie le sécuritaire, moins le monde devient sûr. L'Europe ne doit pas plier maintenant par peur et trahir ses valeurs. Dans la lutte contre le djihadisme, il ne faut pas surestimer la politique sécuritaire - tout en la prenant au sérieux. Dans cette lutte, il faudrait peut-être donner une chance à la politique, au sens large. Si l'Europe cesse d'être l'Europe, nous serons battus.»
Les terroristes, des criminels comme les autres
Les terroristes ne sont rien de plus que de 'simples' criminels, et le gouvernement français devrait les traiter en tant que tels. C'est la position défendue par Guy Sorman, sur son blog hébergé par le site de L'Hebdo :
«Il serait grand temps que les dirigeants français comprennent que nous ne sommes pas plus 'en guerre' contre l’Islam que contre l’islamisme … mais confrontés à des criminels ordinaires pour qui le djihad est une couverture … . Tous les prétendus djihadistes en France et en Belgique avaient tous commis des délits antérieurs, avaient tous été arrêtés par la police et que tous souffraient de troubles psychiatriques repérés par des médecins et leur famille. Il n’est donc d’aucune utilité, comme s’y emploie le gouvernement Hollande – totalement à côté de la plaque – de faire patrouiller des jeunes militaires sur les plages et dans les rues de Paris. La lutte contre ce nouveau banditisme exige du renseignement en amont, une coordination entre police et justice et de garder en prison les délinquants condamnés et dangereux.»
Un plan politico-religieux plutôt qu'une folie
En considérant les djihadistes comme des malades mentaux, on sous-estime la véritable nature de leur agenda et la menace qu'ils représentent, explique Domenico Quirico, reporter de guerre à La Stampa, qui fut l'otage de Daech en Syrie en 2013 :
«Le djihadisme n'est malheureusement pas un cas clinique qu'il faudrait confier à un collège de psychiatres. C'est un problème politique, religieux et militaire. Et le choix de la bonne thérapie dépend inévitablement de la justesse du diagnostic. ... Après cinq années, au cours desquelles l'assaut mondial de l'islam totalitaire s'est propagé de Syrie et d'Irak jusqu'au cœur de nos villes, on privilégie encore une ignorance néfaste et exaspérante quant à la nature de l'ennemi ! Les djihadistes, même les plus marginaux et les plus solitaires, sont les instruments d'un projet politico-religieux visant à la création d'une théocratie. Pour appuyer ce 'soap opera' d'immanence divine, ils sont prêts au moindre sacrifice, mort incluse. Il s'agit d'une politique féroce, d'une religion totalitaire, pas d'une folie.»
Tolérance zéro envers les migrants criminels
Suite à la série d’attentats perpétrés ces derniers jours, la société a de plus en plus mal à croire en la capacité du pouvoir politique à assurer la sécurité, écrit Právo, qui demande un Etat plus fort :
«Si les Européens ne veulent pas se transformer en victimes, alors ils doivent exiger de leurs gouvernements une politique de tolérance zéro vis-à-vis des migrants qui ne veulent pas respecter les lois en Europe. … Une telle politique est également dans l’intérêt de tous les migrants qui font montre de bonne volonté et d’implication pour s’intégrer. … On ne peut accepter que quelqu’un soit poursuivi et incarcéré pour des raisons sérieuses, puis relâché, comme dans le cas de l’assassinat du prêtre français. Pour les migrants à risque, les petits délits ne doivent pas être minimisés, car ils peuvent être l'amorce d'un acte terroriste.»
Ne pas laisser les musulmans entrer dans le pays
Les services de sécurité allemands et français doivent être moins laxistes vis-à-vis des terroristes présumés, critique le portail News.bg suite aux récents attentats qui ont ébranlé les deux pays :
«La plupart des auteurs étaient déjà connus des services de police pour des délits avant de commettre leurs actes barbares. … On a ainsi l’impression que les criminels peuvent rester impunis. … Ceci est lié au fait que les migrants du Proche Orient et d'Afrique ont les mêmes droits [que les nationaux], mais pas les mêmes devoirs. Dans les Etats de Visegrád, notamment en Pologne et Hongrie, on pense et on agit différemment. La police intervient non pas après que des victimes innocentes perdent la vie, mais avant. … Ces pays refusent d’accueillir des réfugiés musulmans et ils ne sont pas la cible d’attaques terroristes. L’UE ferait bien de s’inspirer du groupe de Visegrád, s’il n'est pas déjà trop tard.»
Le terrorisme, un choix individuel
Les causes du terrorisme, loin de résider dans une religion ou une nationalité donnée, sont avant tout le résultat de décisions individuelles, explique Vuk Perišić sur le site Tportal.hr :
«Il existe des êtres humains prêts à sacrifier leur vie pour une cause qu'ils considèrent comme un idéal. Cette volonté d'autodestruction n'a rien à voir avec l'islam. De la même façon que la décision suicidaire des électeurs allemands à l'automne 1932 n'avait rien à voir avec le 'caractère national' des Allemands. Dans les deux cas, il s'agit d'un trouble mental, mais aussi et surtout d'un choix individuel, qui consiste à accepter de se sacrifier et de souffrir. La seule différence, c'est que dans le cas du terrorisme la mort est immédiate, tandis que dans le cas de ceux qui votent pour des nazis ou des nationalistes, il s'agit d'un long processus de désintégration.»