Avant d'élire son chef de file, le Labour profondément divisé
En Grande-Bretagne, l'élection du nouveau président du Labour a débuté. Les membres du parti ont jusqu'à mi-septembre pour choisir de maintenir Jeremy Corbyn à son poste ou bien d'élire son rival, Owen Smith. Afin d'empêcher une réélection de Corbyn, ses détracteurs n'ont pas hésité à déposer un recours devant la Cour suprême du pays, qui les a finalement déboutés. Doivent-ils revoir leur stratégie ?
L'heure d'envisager une alternative
Les nombreux détracteurs de Jeremy Corbyn parmi les députés Labour feraient bien de créer un nouveau parti modéré, préconise The Times :
«Les partisans de Corbyn n’aspirent pas in fine à une victoire du Labour aux élections. Ils ne disparaîtront pas en cas de débâcle électorale. … Si le candidat Owen Smith échouait à évincer Corbyn de la présidence du parti, les députés Labour devront être prêts à envisager une mesure plus audacieuse. Même au siècle dernier, le paysage politique britannique n’avait jamais été aussi divisé qu’il ne l’est aujourd’hui. … Il n’y a aucune chance que le programme d’un parti prévoyant des nationalisations et la fin de la dissuasion nucléaire puisse être couronné de succès aux élections. Aujourd’hui, il est plus envisageable qu'il y a 30 ans de créer un parti de centre-gauche.»
Privilégier les arguments aux combines
La direction du Labour a voulu exclure du vote 130 000 membres du parti, arguant que leur adhésion n’était pas assez ancienne, mais la Cour suprême a invalidé cette décision. Il est regrettable que la direction du parti conteste ce verdict, juge The Independent :
«Quoi que dise la loi, le spectacle judiciaire que donne à voir le Labour est déplorable, et la politique joue en faveur de Corbyn pour le moment. Il bénéficie du soutien de la base du parti, qui s’est considérablement accrue en termes d'adhésions. Tant que les membres le soutiendront, il pourra maintenir son leadership. Les cadres du parti affirmant qu’il n’est pas le bon chef de file devront le battre avec des arguments, et non en faussant le vote. Certains des supporters de Corbyn sont peut-être des opportunistes qui se contrefichent des intérêts du Labour, mais la plupart d’entre eux défendent leurs idées avec enthousiasme.»
Le dernier espoir de l'aile gauche
Les partisans de Corbyn voient en lui l’unique représentant des idées de gauche traditionnelles, lesquelles ont été de plus en plus marginalisées au sein du Labour ces dernières décennies, analyse la chroniqueuse Ellie Mae O'Hagan dans The Guardian :
«Je n’ai pas encore rencontré un seul des partisans de Corbyn qui soit naïf quant aux erreurs de leadership, qui sous-estime l’ampleur des défis à venir ou qui ne veuille pas gagner les législatives. Si autant de personnes l’ont soutenu, c’est parce qu’il constituait à leur yeux l’unique opportunité de ces 30 dernières années pour que leurs idées soient représentées dans le débat public. La volonté des dissidents du Labour de le renverser est de leur point de vue aussi bien une tentative d'éliminer l'aile gauche du parti que de se débarrasser de Corbyn.»