Elections régionales à Berlin : quel impact pour la capitale ?
Aux élections à la diète de Berlin, les électeurs ont sanctionné la coalition sortante que les sociaux-démocrates formaient avec les conservateurs. Si le SPD est en tête du scrutin, il a dû essuyer de lourdes pertes et aura besoin de deux partenaires pour former un gouvernement. La formation national-conservatrice AfD fait son entrée au parlement de la capitale, avec un score de plus de 14 pour cent. Les journalistes analysent les conséquences de ces élections pour la démocratie et l'échiquier politique allemand.
Des partis au profil mieux défini
Six partis au total réussissent leur entrée au Parlement, soit une plus grande diversité, ce qui profite in fine à la démocratie, selon Süddeutsche Zeitung :
«A l’heure de la mondialisation, la démocratie est une nouvelle fois appelée à faire ses preuves. Il nous faudra nous rappeler un de ses principes les plus fondamentaux : la démocratie s'apprend, et ce tous les jours. … Le succès de l’AfD est un avertissement qui nous dit : il n'est pas acquis que la société soit libérale et qu’elle le reste. Il n'est pas non plus acquis que des minorités (pas uniquement des réfugiés) soient respectées et le restent. La démocratie n'est pas non plus destinée à être appréciée de tous et à le rester.… Tout cela annonce peut-être le début d'une orientation plus marquée des programmes politiques, de partis qui se différencient davantage les uns des autres. Le SPD sera plus socialiste et la CDU plus conservatrice. Ce qui n’est pas forcément préjudiciable à la démocratie.»
Le centrisme politique disparaît à Berlin
La mairie de Berlin sera probablement dirigée par une alliance de trois partis, ce qui risque d’entraîner l’érosion du centrisme en politique, observe Tages-Anzeiger :
«Il y a déjà eu des coalitions à trois par le passé. La nouveauté est qu’aujourd’hui, il s’agit souvent d’alliances de fortune, à seul dessein de pouvoir gouverner. … On ne discerne pas de base politique commune. Ces coalitions polychromes conclues par nécessité forment certes une majorité, mais elles n’incarnent pas un centre politique. Elles sont une proie facile pour les partis anti-système de droite comme de gauche, qui dénoncent un 'cartel du pouvoir des anciens partis'. Ceci crée une dynamique qui affaiblit le centre politique et en renforce les franges. Les anciens grands partis traditionnels sont les premières victimes de cette évolution. Il n’y a pas de retour vers le passé. Ils seraient bien inspirés d’agir avec pragmatisme tout en insistant sur les valeurs qui leur sont caractéristiques. Plus vite ils prendront la mesure de la nouvelle réalité, mieux cela vaudra pour eux.»
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