Le ministre allemand des Affaires étrangères à Ankara
Dans le cadre de la venue à Ankara du ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier, son homologue turc Ahmet Çavuşoğlu a reproché à Berlin son soutien au PKK kurde et au mouvement Gülen. Evoquant les violations des droits de l'homme, Steinmeier a appelé à la modération. Un peu plus tôt, le président Tayyip Erdoğan avait évoqué la tenue d'un référendum sur l'abandon des négociations d'adhésion de la Turquie à l'UE. La rupture UE-Turquie est-elle consommée ?
Personne n'est prêt à une adhésion
Compte tenu de la situation actuelle, poursuivre les négociations en vue d’une adhésion à l’UE n’a aucun sens, écrit tagesschau.de :
«Pour autant que la Turquie soit désireuse de poursuivre les négociations, l’Europe souhaiterait à juste titre des améliorations de la situation de l’Etat de droit et de la liberté d’expression, à la place de la dégradation permanente que l'on constate. Parallèlement, il est tout à fait justifié que la Turquie veuille savoir quelles sont ses chances. L’UE accepterait-elle une Turquie dotée d'un Etat de droit et d'une démocratie opérationnelle ? L’Europe ne peut donner de réponse, car elle s’est elle-même fait des illusions, en plus d’avoir bercé la Turquie d’illusions. Tant qu’une adhésion ne sera pas réaliste pour des raisons formelles, il est facile de dire tout et n’importe quoi. … Steinmeier et Çavuşoğlu ont défendu leur propre position et critiqué celle de l'autre. L’effet libérateur n’a pas été au rendez-vous. L’entretien entre les deux ministres des Affaires étrangères a avant tout montré à quel point les évènements avaient éloigné l’Allemagne et la Turquie l’une de l’autre.»
La fin d'une relation difficile
Le président avait indiqué dès lundi que la Turquie pourrait organiser un référendum sur une rupture des négociations d'adhésion du pays à l'UE. Ce serait l'épilogue d'une histoire tragique, déplore Hürriyet Daily News :
«Si l'AKP avait entamé sa vie politique en appelant un establishment autoritaire à mener des réformes et à accorder davantage de droits et de libertés, il s'était empressé ensuite d'établir son propre establishment autoritaire. Les normes européennes, jadis attractives, s'apparentent aujourd'hui pour l'AKP à une 'tutelle' exaspérante. C'est la raison pour laquelle l'AKP a élaboré un discours anti-occidental, dans lequel il récuse ces normes dont il avait su profiter jadis, les qualifiant d'immixtion impérialiste dans les affaires du pays. Cela ne veut pas dire que les représentants de l'UE ont toujours fait de leur mieux pour améliorer ces relations. S'ils avaient raison la plupart du temps de réprouver l'autoritarisme du gouvernement, ils ont aussi ignoré certaines dynamiques problématiques et sont apparus parfois peu informés et hors-sujet.»