L'extrême droite européenne annonce 'le réveil des peuples'
Les leaders d'extrême droite d'Europe se sont retrouvés ce week-end à Coblence. Frauke Petry, du parti allemand anti-européen Alternative für Deutschland (AfD), s'y est pour la première fois affichée au côté de partis ouvertement d'extrême droite. 2017 sera l'année du "réveil des peuples d'Europe continentale", a déclaré la chef du FN Marine Le Pen. Ces espoirs devraient être rapidement douchés, affirment les commentateurs, qui appellent à forger de nouvelles alliances contre l'extrême droite.
Les nationalistes vont se casser les dents
Après leur offensive de Coblence, les leaders européens de la droite populiste vont bientôt être la cible de vents contraires, conjecture Tages-Anzeiger :
«Le ministre président [néerlandais] Mark Rutte a d’ores et déjà catégoriquement exclu toute coalition avec Wilders. … La tempête déclenchée par Geert Wilders contre l’establishment devrait donc vite se calmer. La candidature de Marine Le Pen aux présidentielles pourrait connaître une évolution comparable. Les candidats au premier tour sont si nombreux que rien ne garantit que la chef du Front national atteigne le second tour. Il se peut qu’au deuxième tour, deux semaines plus tard, on assiste à un duel classique entre un candidat de la droite conservatrice et un candidat de gauche. Et si elle atteignait le second tour, tous les pronostics donnent Le Pen perdante face à une coalition anti-FN. Pareillement, en Allemagne, il y a longtemps que les perspectives pour les législatives du 24 septembre n'avaient été aussi bonnes pour la chancelière et ses chrétiens-démocrates.»
La nécessité de nouvelles alliances contre l'extrême droite
Le président du SPD Sigmar Gabriel, la chef de file des Verts en Allemagne Simone Peter, le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères Jean Asselborn et plusieurs autres politiques étaient à Coblence pour protester contre la conférence de l’extrême droite européenne. Ce contre-rassemblement ne doit pas s’arrêter là, fait valoir Avgi, journal de gauche proche du gouvernement :
«Il était temps, mais se rassembler quelques heures dans le froid pour revendiquer 'une Europe plurielle, ouverte et sociale au XXIe siècle', tout en poursuivant la même politique, c'est insuffisant. Dans la plupart des pays de la zone euro, une majorité de citoyens estime que les choses ne prennent pas un cours favorable dans leur pays et au niveau européen. … Ces forces politiques doivent prendre l’initiative et forger les alliances nécessaires afin que leurs propositions ne restent pas lettre morte. De ce point de vue, le rendez-vous des pays méridionaux - France, Italie, Espagne, Portugal, Grèce, Chypre et Malte - prévu samedi à Lisbonne, et la volonté de ces pays de travailler de concert pour forger leur propre vision de l’Europe, seront déterminants. De façon générale, mais aussi pour riposter à l’extrême droite.»
L'UE menacée d'effondrement
L’indignation suscitée par le nouveau président américain ne doit pas occulter les tendances dangereuses de ce côté de l’Atlantique, met en garde Periódico de Catalunya, suite au sommet des partis européens d’extrême droite à Coblence :
«L’année 2017 y a été baptisée 'année des patriotes', qui verrait selon eux, après le grand tournant du Brexit et la victoire de Trump aux Etats-Unis, l’avènement de la 'révolution sur le continent'. … Le populisme radical du nouveau gouvernement américain, l’europhobie de plus en plus impudente de l’extrême droite européenne et le choc du Brexit encore mal encaissé forment un mélange explosif. Une combinaison qui pourrait annoncer une régression historique aux conséquences catastrophiques. Une dislocation de l'Europe est difficilement imaginable, mais il est tout à fait possible en revanche qu'un grand nombre de nationalismes populistes entraînent l’Union vers un funeste effondrement.»
Ne pas laisser l'extrême droite écrire le scénario de 2017
Depuis que les populistes européens ont forgé une alliance en 2013, ils n’ont cessé de marquer des points, rappelle taz :
«Les réussites de l’AfD au niveau national, le référendum sur le Brexit, l’élection de Trump. Il est évident qu’un fil directeur relie ces évènements. Les forces progressives ont raison de s’inquiéter du scénario inachevé pour 2017, qui prévoit des scrutins aux Pays-Bas, en France et en Allemagne. … Le message qui a été envoyé de Coblence ne saurait être plus clair : Petry, Wilders et Le Pen prennent la chose très au sérieux. Et il convient de les prendre au sérieux - en faisant une analyse approfondie. Ce qui implique aussi de ne pas voir dans leur rhétorique de l’éveil des peuples européens l’émergence d’un nouveau fascisme, mais une insensibilité effrayante à ce genre d’images.»