Etats-Unis et Russie négocient le sort d'Assad
Lors de leur rencontre à Moscou mercredi, le ministre américain des Affaires étrangères Rex Tillerson et son homologue russe Sergueï Lavrov ont reconnu la nécessité d'un rapprochement entre les deux Etats. Aucun accord n'a pu être trouvé en revanche sur la question syrienne. Au cours de la nuit, Moscou a mis son veto à une résolution de l'ONU. Peut-il y avoir un accord entre les deux puissances sur la Syrie ?
Permettre à Poutine de sauver la face
Washington doit faire prudemment comprendre à Poutine que le dirigeant syrien ne peut être soutenu davantage, préconise The Evening Standard :
«La décision [de laisser tomber Assad] ne sera pas facile à prendre pour le président russe et il ne la prendra certainement pas derechef. En réponse à la visite de Tillerson, il faut s'attendre à toute une série de propos musclés de la part du Kremlin. Dans les jours et semaines à venir, l'objectif du chef de la diplomatie américaine consistera à donner à Poutine les moyens de sauver la face et de lui faire comprendre que le maintien du statu quo en Syrie n'est plus une option. Nous sommes dans une situation similaire à celle de la crise des missiles à Cuba, pendant laquelle John F. Kennedy n'avait cessé de répéter en privé que le facteur clé de succès était de permettre au chef d'Etat soviétique Nikita Khrouchtchev une issue qui ne soit pas humiliante.»
Les obstacles à une entente
Poutine n’acceptera un départ d’Assad qu’en négociant certaines concessions que Trump ne pourra satisfaire, souligne Jornal de Negócios :
«Un armistice en Syrie est loin d’être gagné. Selon la Russie, tout accord sur la Syrie devrait nécessairement garantir la protection de la base navale russe de Tartous et comporter l'annulation des sanctions prises contre la Russie après l’annexion de la Crimée. ... La Syrie est l'atout majeur entre les mains de Poutine pour persuader le président américain d'être plus attentif aux intérêts russes en Ukraine et aux fronts européens relatifs à l’OTAN. ... Il est donc peu probable que la Maison-Blanche apporte une contribution sérieuse à la résolution du conflit en Syrie.»
Moscou de plus en plus isolée
Au cours des dernières années, Poutine a mené son pays dans l'impasse, analyse Neue Zürcher Zeitung :
«Sous Trump, le chef du Kremlin ne s'est pas davantage rapproché de son objectif, à savoir apporter prestige et reconnaissance à la Russie, bien au contraire. L'accueil glacial des Etats-Unis et l'appel - sous forme d'ultimatum - à rompre avec Assad sont des signes douloureux attestant l'échec de la politique russe. Poutine a certes obtenu ces dernières années des succès tactiques surprenants - annexion de la Crimée, 'sauvetage' du régime syrien ou cyberattaques spectaculaires aux Etats-Unis. Mais sur le plan stratégique, il n'a réussi qu'une seule chose : l'isolement croissant de son pays.»