Affaire Warmbier : vers une recrudescence des tensions entre Washington et Pyongyang ?
Après le décès d'Otto Warmbier, la pression s'intensifie sur le président américain Donald Trump. D'influents républicains appellent à réagir avec fermeté à la mort de l'étudiant américain, survenue lundi dans l'Ohio - Warmbier avait été rapatrié quelques jours auparavant, dans le coma, après un an et demi de détention en Corée du Nord. La presse européenne porte un regard inquiet sur cette crise diplomatique.
Un bras de fer dangereux
Le Figaro craint un regain de tensions entre les deux pays :
«En pleine escalade avec l’Administration américaine, nourrie par la fuite en avant atomique du Nord, le drame Warmbier menace d’exacerber les tensions et offre un prétexte en or aux faucons en embuscade à la Maison-Blanche. Il offre l’étincelle d’émotion qui peut enflammer un contexte déjà chargé par la multiplication des tests balistiques dans le ciel d’Asie du Nord-Est. Donald Trump et Kim Jung-un sauront-ils faire baisser la température ? Ces deux cadets qui se sont imposés à la tête de leurs dynasties respectives grâce à leur fougue partagent le goût des coups d’éclats, et des gros titres. Alors que les experts soulignent que 'l’option militaire' risquerait d’enflammer la région tout entière, l’urgence est à la désescalade.»
Les sanctions potentielles sont limitées
Les Etats-Unis n'ont qu'une faible marge de manœuvre, commente Der Standard :
«Le régime nord-coréen a la mort du jeune étudiant sur la conscience. On ne peut discerner de stratégie rationnelle derrière cette affaire, car par ce meurtre commis de facto, Pyongyang se tire une balle dans le pied. Le gouvernement américain, qui rencontrera cette semaine le camp chinois pour participer à des négociations, tablera sur des sanctions plus strictes à l'encontre de la Corée du Nord et durcira un peu plus sa politique d'isolement vis-à-vis du régime communiste. Pourtant, la condamnation verbale formulée par Trump ne peut faire oublier que la marge de manœuvre est quasi inexistante pour des sanctions. Car Pékin refusera de se voir contrainte de suspendre ses livraisons de pétrole, importantes pour Pyongyang. Et Donald Trump ne voudra pas risquer d'être le premier à frapper militairement la Corée du Nord.»
Une aubaine pour le président
Pour Der Tages-Anzeiger, l'affaire Warmbier pourrait même bénéficier à Donald Trump :
«Embourbé depuis des semaines dans les scandales avec la Russie, le président américain est en mal de scénarios dans lesquels il puisse avoir le beau rôle. Mais il a surtout besoin de nouveaux ennemis, qui détournent l'attention des enquêtes agaçantes menées contre des membres de son équipe de campagne. Trump affirme avoir personnellement chargé son ministre des Affaires étrangères, Rex Tillerson, de faire avancer la libération du jeune étudiant de 22 ans - et la demande américaine a fini par aboutir. L'opinion a réagi avec consternation aux images saisissantes de Warmbier dans le coma ; la brutalité de la dictature nord-coréenne montrait subitement un nouveau visage. Les appels à mener les choses d'une main de fer n'ont pas tardé à se faire entendre. Trump doit réagir.»
La gauche continue de soutenir Pyongyang
Dagens Nyheter a du mal à comprendre pourquoi certaines composantes de la gauche occidentale s'obstinent à glorifier le régime nord-coréen :
«Le Parti communiste [suédois] a écrit entre autres au sujet de la Corée du Nord : 'Nous apprécions la résolution de la Corée du Nord à braver l'impérialisme et à œuvrer pour la paix et la réconciliation sur la péninsule coréenne'. De son côté, la Jeunesse communiste révolutionnaire indique : 'L'exemple nord-coréen montre que le socialisme reste, malgré tout, un système supérieur'. Il est terrifiant de voir qu'en 2017, il existe encore des individus en Occident qui trouvent un attrait à un régime doté de l'arme atomique, qui maintient son propre peuple dans les fers, le torture et le réduit à la famine. La gauche se fourvoie, et ceci ne saurait être illustré plus clairement que par le soutien qu'elle apporte à des dictatures comme celle qui vient d'assassiner Otto Warmbier.»