Macron en sauveur des relations transatlantiques ?
Lors de sa visite d'Etat aux Etats-Unis, le président français Emmanuel Macron a fait part de la volonté commune aux deux dirigeants d'aboutir à un nouvel accord avec l'Iran. Si la presse européenne est fascinée par les bonnes relations que Macron a su tisser avec Trump, cette connivence, justement, trouble certains journalistes.
Une amitié qui fait froid dans le dos
A Washington, Macron et Trump ont affiché de solides liens d'amitié, ce qui inquiète De Morgen :
«Lors de sa visite aux Etats-Unis, le président Macron confirme être l'homme qui comprend et parle la langue de Trump. L'homme qui sait calmer et apprivoiser l'ours en le caressant dans le sens du poil. Mais nul ne peut exclure que l'ours, traqué par les procureurs spéciaux et les médias, ne finisse par décocher un méchant coup de griffe. ... Quelque chose d'inquiétant émane des photos. S'il est vrai que le président français cherche, sur un mode lénifiant, à convaincre les Etats-Unis de ne pas sortir de l'accord avec l'Iran, ceci n'a rien de vraiment rassurant. En effet, qu'un accord aussi crucial pour la stabilité mondiale soit à la merci des sautes d'humeur d'un dirigeant mondial a même quelque chose d'assez angoissant.»
On ne peut pas faire confiance à Trump
Emmanuel Macron prend un risque élevé en lançant son offensive de charme envers Donald Trump, estime Der Standard :
«Il espère pouvoir bâtir une relation solide avec Trump, dans l'optique de stabiliser l'alliance occidentale mise à mal depuis l'entrée en fonction de ce dernier en 2017. Pour atteindre cet objectif, l’internationaliste Macron est prêt à embobiner Trump le nationaliste et à faire figure de fidèle allié à ses côtés. ... Quelles que soient les promesses que Macron ramènera de Washington, elles fondront comme neige au soleil. Que le courant passe entre les deux chefs d'Etat n'y changera rien. Washington grouille de personnalités qui ont soutenu Trump avant qu'il ne les laisse tomber comme une vieille chaussette à la première occasion. Le capital politique investi par Macron est un gaspillage, on le verra au plus tard au prochain revirement de la politique étrangère des Etats-Unis.»
Sur la même longueur d'ondes que Trump
Il existe un certain nombre de points communs entre Macron et le président américain, souligne l'hebdomadaire Revista 22 :
«D'une certaine manière, il sont tous deux des outsiders, et à en croire leurs déclarations et leur entourage, ils semblent avoir bâti une relation étroite. Des deux côtés de l'Atlantique, on lit dans la presse que Trump et Macron se téléphonent chaque semaine, alors que le chef d'Etat américain n'a pas échangé un seul mot avec Angela Merkel depuis cinq mois. Aussi étrange que cela puisse paraître, Macron et Trump sont les tenants d'une diplomatie qui n'a pas de complexes, même si les tonalités diffèrent.»
Valoriser un héritage commun
Dans Ouest France, l'historienne et politologue Nicole Bacharan évoque l'ampleur de la tâche de Macron :
«Au-delà des postures protocolaires et des sourires entre First Ladies, le Français doit donc chercher des compromis : flatter un peu, s'opposer parfois, ne jamais fermer la porte du dialogue. Theresa May désormais hors jeu, Angela Merkel affaiblie, Emmanuel Macron se sait investi d'une mission qui va bien au-delà de son propre mandat : c'est la parole européenne et démocratique qu'il va porter à la Maison-Blanche et devant le Congrès, comme si le vieux monde venait rappeler au nouveau la valeur de l'héritage commun. A lui de convaincre, pour l'avenir de tous, que les intérêts partagés doivent impérativement l'emporter sur les dissensions.»
May et Merkel hors jeu
L'Europe place tous ses espoirs dans la visite de Macron aux Etats-Unis, assure Hospodářské noviny :
«Parmi les responsables politiques européens, il est le seul à pouvoir réussir. En dépit des affirmations traditionnelles soulignant le caractère exceptionnel des relations americano-britanniques, Trump se montre peu chaleureux avec la Première ministre Theresa May. Quant à la chancelière allemande, autant l'oublier carrément dans ce chapitre. La bonne question n'est pas de savoir comment le président français peut réussir en faisant jouer la confiance dont il dispose, mais plutôt de savoir où en seront les relations américano-européennes en cas d'échec.»
Des efforts infructueux
Jusqu'à présent, le président français n'est pas parvenu à grand-chose avec Donald Trump, fait remarquer The Guardian:
«A ce jour, son action n'a pas été très convaincante. ... Il a fait pression sur le président américain pour qu'il renonce à sortir de l'accord de Paris sur le climat, qu'il maintienne l'engagement américain en Syrie pour contenir le régime d'Assad, qu'il s'abstienne d'abroger l'accord sur le nucléaire iranien et qu'il retire son projet de taxation des importations européennes. Aucune de ces tentatives n'a été couronnée de succès. S'il parvient à faire changer Trump d'avis sur l'un de ces points, l'Iran notamment, ce serait une surprise et un coup d'éclat.»