L'Italie toujours sans gouvernement
Deux mois après les législatives en Italie, le processus de formation gouvernementale est au point mort : aucun des partis vainqueurs ne peut gouverner seul, aucun n'est enclin au compromis. Le président Sergio Matarella a donc proposé la formation d'un "gouvernement neutre" d'ici de nouvelles élections - idée toutefois aussitôt retoquée par les leaders respectifs de la Lega et du Mouvement 5 Etoiles (M5S), Matteo Salvini et Luigi Di Maio. Les commentateurs font part de leur révolte et de leurs inquiétudes.
Peut-on espérer un vote sanction ?
La Stampa est scandalisée par le rejet catégorique par les chefs de file de la Lega et du Mouvement 5 Etoiles de la proposition du président Sergio Mattarella :
«Si l'arbitre n'a même plus la possibilité d'arrêter le jeu ; si sa proposition est rejetée avant même qu'il ait pu l'expliquer ; si ce sont les joueurs qui dictent les règles du jeu, sans témoigner le moindre respect à personne - alors le terme de crise politique est trop faible. ... C'est un épisode inédit dans les 60 ans de l'histoire de la République. ... Peut-être est-il vrai que l'on finit par s'habituer à tout. Mais peut-être est-ce vraiment trop fort de café cette fois-ci. ... Qui sait, peut-être les Italiens feront-ils un autre choix au prochain scrutin, après avoir vécu les événements d'hier.»
Des démagogues intéressés
Une alliance de la Lega et de Mouvement 5 Etoiles ne peut être que destructrice, fulmine également La Repubblica :
«Obnubilés par des intérêts partisans, les leaders de la Lega et de M5S ont montré leurs limites quant à leur capacité à adopter une attitude constructive. Ils ont été et ils restent prisonniers de la démagogie qui leur a permis de s'affirmer, mais non de s'imposer. Portés par la vague des pulsions populistes, ils confondent les intérêts des Italiens avec les intérêts politiques ou électoraux du M5S et de la Lega. Incapables de savoir comment gérer la réalité aujourd'hui, ils aspirent ainsi à une forme de palingénésie dans les urnes demain. Les intérêts du pays et de ses citoyens ont été proclamés verbalement, mais dans les faits, ils ont été sacrifiés au profit de leur propre opportunisme.»
Le pire reste à venir
Süddeutsche Zeitung souligne que le répit ne sera que de courte durée :
«Après l'échec des tractations entre les partis, le danger ne semble être écarté que provisoirement : le parti contestataire M5S et le parti d'extrême droite Lega n'ont pas réussi à s'entendre sur un compromis. Un gouvernement europhobe, russophile et populiste aurait été dévastateur tant pour le pays que pour le continent. Au demeurant, tous les sondages le montrent : les électeurs continuent de favoriser clairement ces deux partis. Il est donc à craindre qu'aux élections qui auront bientôt lieu, l'Italie sera le théâtre d'une véritable catastrophe : la Lega et le M5S seront les maîtres incontestés du Parlement, qu'ils domineront comme la peste et le choléra.»