Le Parlement européen se prononce sur la Hongrie
Le Parlement européen vote ce mercredi sur le déclenchement d'une procédure pour violation de l'Etat de droit à l'encontre de la Hongrie. Le vote des membres du groupe PPE, dont Viktor Orbán est membre, sera décisif sur l'obtention de la majorité des deux tiers requise. Mardi, le Premier ministre hongrois avait sévèrement épinglé le rapport rédigé par l'eurodéputée Judith Sargentini, réquisitoire favorable au déclenchement de l'article 7. Quel sera le vote du Parlement ?
Orbán enfin recadré
Wiener Zeitung se réjouit que la résistance à la politique d'Orbán en Hongrie s'organise enfin au niveau de l'UE :
«On a fini par se rendre compte au niveau européen - mieux vaut tard que jamais - que l'on a trop longtemps toléré les agissements d'Orbán. Au lieu d'exporter l'esprit démocratique et l'idée de l'Etat de droit dans les pays de l'ex-bloc de l'Est, on craignait que ne soient importés dans l'UE l'autoritarisme, la corruption et cet exécrable esprit antidémocratique en provenance de pays comme la Hongrie. On trace enfin une ligne rouge, signe clair que l'on met le holà aux fans de la 'démocratie illibérale'. »
Orbán, un obstacle aux ambitions de Weber
Jean Quatremer, correspondant de Libération à Bruxelles, souligne que le Premier ministre hongrois ne peut compter sur le soutien illimité de son groupe au Parlement européen :
«Si le PPE soutient Orbán, il se range du côté des 'populistes' europhobes. Si Weber se montre plus prudent, c'est que les élections européennes approchent et qu'il est candidat à la présidence de la Commission. Or Viktor Orbán est une épine dans ses ambitions : d'une part, parce qu'une partie des électeurs risquent de se détourner de la droite traditionnelle si les européennes de mai prochain deviennent un affrontement entre pro et anti-européens, d'autre part parce qu'une partie des chefs d'Etat et de gouvernement pourraient refuser d'adouber comme président de la Commission le représentant d'un PPE 'orbanisé' et donc ouvert à des alliances avec la droite extrême. En politique, on assassine ses amis pour moins que ça.»
Une procédure qui peut avoir des effets pervers
On aurait tort d'attendre du recours à l'Article 7 qu'il fasse se volatiliser comme par miracle la poussée du populisme en Europe, prévient De Standaard :
«La victimisation est un procédé de prédilection dans le jeu de séduction des identitaires. En isolant Orbán et les siens, on risque d'obtenir l'effet opposé. Brandir la menace de sanctions financières ou politiques ne fera qu'exacerber la soif de vengeance contre l'UE et contre l''arrogance' de sa phalange occidentale. Regagner les cœurs et la raison des électeurs d'Orbán et des autres populistes est une entreprise plus complexe. Il faut être à leur écoute et trouver des réponses à leur peur et à leur colère. Mais il faut aussi les convaincre qu'une Europe pacifique basée sur les lois, les droits et les libertés est la seule garante de leur avenir.»
La Hongrie punie pour sa politique migratoire
L'Etat de droit et la démocratie ne sont que des prétextes, assène le quotidien de la droite nationaliste Figyelö :
«On cherche à condamner la Hongrie sur la base du tissu de mensonges du rapport Sargentini, et ce en prétendant vouloir préserver la démocratie. Les politiques, toujours guidés par l'image de la société ouverte propagée par George Soros et favorables à l'immigration, ne sont pas d'accord avec la politique migratoire de la Hongrie et ils essaient par tous les moyens de la faire changer. En de nombreuses occasions depuis 2015, les Hongrois ont exprimé leur volonté de ne pas vivre dans un pays d'immigration. Mais cela, la gent bruxelloise, qui a peur de la démocratie, ne veut pas l'accepter, et l'opposition dans le pays non plus.»
La fin du fantôme libéral aux européennes
Ce rapport constitue une autre attaque de l'establishment libéral qui sera sanctionné l'année prochaine lors des élections européennes, croit savoir la directrice responsable du service international du quotidien pro-pouvoir Magyar Hírlap, Mariann Öry :
«La seule bonne nouvelle est que les jours de cette élite libérale arrogante et nombriliste, qui a perdu tout sens de la réalité, sont comptés. Nous savons cependant que tout bon cadre saura se recycler dans le réseau de Soros. Mais les élections européennes qui s'annoncent seront une grande claque pour eux. Juste avant de mourir en 2013, le philosophe et historien français Dominique Venner a qualifié la colonisation du continent par des migrants comme l'une des conséquences préoccupantes du masochisme de la civilisation occidentale. Mais il a également décrit la façon dont les hommes se réveilleront et en prendront conscience.»
L'indignation de Budapest était prévisible
Il est peu surprenant que le gouvernement hongrois vitupère autant contre le rapport de Judith Sargentini, commente le quotidien critique du gouvernement Népszava :
«Nous sommes à la veille du vote sur le rapport. Mardi, Viktor Orbán tentera en personne de défendre sa position au sein du Parlement européen et de piétiner les arguments avancés par la députée verte néerlandaise Judith Sargentini. Mais auparavant, tous ceux qui appartiennent au centre du pouvoir, se réuniront comme à l'accoutumée à Kötcse [lieu de rassemblement des dirigeants du parti Fidesz]. Et la conclusion d'une telle réunion est connue d'avance. Ils ressortiront probablement les mêmes éléments de langage auxquels le Fidesz et le gouvernement ont déjà eu recours ces derniers jours : vengeance, punition, Soros. Et aussi : la campagne de vengeance menée par Bruxelles contre notre douce patrie.»