Qui décidera de l'avenir de la Syrie ?
Alors que l'offensive contre le dernier bastion rebelle à Idlib a été provisoirement gelée, la question de l'après-guerre se pose déjà en Syrie. Dans un appel adressé mardi au secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, un groupe de juristes internationaux a appelé à veiller au respect des droits humains dans la reconstruction du pays. Les éditorialistes appellent également l'Occident à ne pas se désintéresser de la Syrie de demain.
La voix de l'Occident aboutira à des pas de fourmi
Le portail libanais Almodon doute qu'après un accord de paix, la Syrie renoue avec l'ordre d'avant-guerre :
«Dans les négociations avec le trio d'Astana (Russie, Iran et Turquie), l'Occident insistera sur l'importance de limiter le pouvoir du président Assad. C'est le premier pas vers sa destitution. Les Etats occidentaux préconiseront d'élargir les compétences du Premier ministre et de doter la Syrie de demain d'un système parlementaire. ... Ils exigeront que les responsables de crimes de guerre soient traduits en justice et que le futur gouvernement syrien coopère avec la communauté internationale. ... Mais il est tout à fait possible que ces revendications s'émoussent au cours des négociations.»
Un rappel du droit international
Même si l'appel a peu de chances d'être entendu, il s'agit d'une initiative des plus louables, estime Pierre Haski, chroniqueur à France Inter :
«L'appel des juristes s'inscrit dans le cadre de la résolution 2254 du Conseil de sécurité de l'ONU, adoptée en décembre 2015 à l'unanimité des quinze membres, Russie comprise. ... Cette résolution préconise une transition politique en Syrie, parallèlement à l'arrêt des combats. Non seulement elle est restée lettre morte, mais ce consensus de 2015 a depuis longtemps disparu, et la guerre a tourné à l'avantage de Damas. L'appel des juristes a donc peu de chances d'être entendu à ce stade, mais il a le mérite d'exister : un rappel du droit international dans un monde qui redevient une jungle.»
Les Syriens méritent mieux qu'Assad
Si l'avenir de la Syrie est actuellement entre les mains de la Russie, de la Turquie et de l'Iran, cela ne veut pas dire que l'Occident peut se soustraire aussi facilement à ses responsabilités, estime Politiken :
«La Turquie a de facto annexé une partie du nord de la Syrie et souhaite éviter le chaos à Idlib. De son côté, la Russie a déjà assuré la survie du régime d'Assad. ... Pour leur part, les Etats-Unis et l'Europe ont autant déçu nos propres idéaux que ceux du peuple syrien. Tous nos discours sur la démocratie n'ont rien apporté. ... Il serait tentant désormais de jeter l'éponge et d'abandonner la Syrie à la Russie, à la Turquie et à l'Iran. Or succomber à cette tentation serait une erreur. Si cette bataille de Syrie est perdue, l'enjeu à long terme reste de bâtir une société civile susceptible de prendre le relais d'Assad. Car les Syriens méritent mieux, beaucoup mieux.»
Les Russes doivent quitter la Syrie au plus vite
La défense antiaérienne syrienne a accidentellement abattu un avion militaire russe la semaine passée. Moscou incrimine des attaques aériennes israéliennes. Dans un post de blog relayé par le site newsru.com, l'opposant Alekseï Melnikov craint que la Russie ne retrouve prise entre deux feux en Syrie :
«C'est par la faute de Poutine que la Russie est venue s'immiscer en Syrie dans un conflit opposant la Syrie à Israël. ... La tragédie du Il-20 en est la triste preuve. Or au lieu d'en tirer les conclusions et de quitter la Syrie, le pouvoir russe prend la décision contraire - et met en péril la vie de soldats russes, dilapide les ressources et avance sur la corde raide, au bord d'un conflit militaire avec Israël, les Etats-Unis et leurs alliés.»