Vers une crise après les élections en Bosnie ?
En Bosnie-Herzégovine, le nationaliste serbe Milorad Dodik a été élu par sa communauté à la présidence tournante et tripartite du pays. Il aspire à l'indépendance de la Republika Srbska, qu'il a dirigée pendant huit ans. Le coprésident croate sera Željko Komšić, candidat modéré et partisan d'une Bosnie multiethnique, qui s'est imposé face à Dragan Čović, le candidat HDZ soutenu par Zagreb. Les commentaires de la presse balkanique.
L'Etat pourrait se déliter
Dans Delo, Tine Kračun, directeur de l'Institute for strategic solutions, fait part de ses inquiétudes :
«Il est dangereux qu'un homme politique qui appelle au démantèlement de l'Etat depuis plusieurs années accède à la présidence collégiale du pays. Cette instance était jusque-là occupée par des modérés et elle était considérée comme un pilier de l'Etat fédéral. Mais on y retrouve aujourd'hui un responsable qui aspire à autre chose. Avec l'action de la Russie et de la Serbie, et avec d'autre part la Croatie, qui s'ingère elle aussi activement dans la politique bosnienne, on pourrait assister dans les prochaines années au démantèlement de l'Etat.»
Une gifle pour le HDZ
L'élection de Željko Komšić doit être interprétée comme un vote de protestation des Croates de Bosnie envers la politique du HDZ, juge Novi list :
«Ce n'est pas [le candidat de la branche bosnienne du HDZ] Dragan Čović qui a perdu aux élections, mais [le Premier ministre croate] Andrej Plenković. Les titres honorifiques de docteur, les milliards versés depuis le budget croate, l'unité transfrontalière du HDZ et les visites mutuelles à Zagreb et Mostar n'ont rien apporté. Željko Komšić ne l'a pas emporté grâce aux voix des wahhabites, comme veulent bien le faire croire aujourd'hui Plenković et de Čović. Son élection est une gifle infligée à la politique désastreuse menée depuis un quart de siècle par le HDZ en Bosnie-Herzégovine.»