Macron, la tentation du référendum ?
Face à des gilets jaunes qui ne décolèrent pas, le président français Emmanuel Macron envisagerait la perspective d'un référendum. Comme l'écrit le Journal du Dimanche, il songerait à consulter les électeurs sur les résultats du "Grand débat", dans un vote qui aurait lieu le même jour que les européennes. Les chroniqueurs soulignent le risque qu'il y a à tenir des référendums en période de crise.
La démocratie directe, un péril pour les gouvernants
Avant Macron, d'autres dirigeants ont eu la mauvaise idée d'organiser un référendum, rappelle Anais Ginori, correspondante de La Repubblica à Paris :
«L'histoire récente nous enseigne que les référendums portent malchance. Le vote sur le Brexit a fait chuter David Cameron, et les Britanniques paieront longtemps encore les conséquences de son initiative. En Italie, le vote populaire sur la réforme constitutionnelle a marqué le début de la fin de Matteo Renzi. Alexis Tsipras est pour sa part ressorti humilié de la consultation sur l'accord de sauvetage proposé par l'UE, rejeté par une majorité de Grecs avant d'être accepté pour cas de force majeure. C'est maintenant au tour d'Emmanuel Macron. Les précédents montrent qu'il est difficile de se sortir des crises de leadership ou des crises institutionnelles en recourant à la démocratie directe.»
Macron joue avec le feu
Compte tenu de la situation actuelle de la France, Macron prendrait un énorme risque, estime Le Figaro :
«L'arme du référendum pourrait se révéler dangereuse et ouvrir la porte aux réponses les plus démagogiques. La France, qui croule sous les dettes, peine à rendre ses entreprises compétitives et traîne un chômage de masse endémique, peut-elle se permettre de jouer avec le feu de solutions irréalistes ? Si la nécessité de réconcilier les citoyens avec leurs dirigeants est certes une urgence, elle raterait son objectif en s'accommodant d'une foire aux vraies fausses bonnes idées. Le remède du référendum serait alors pire que le mal qui étreint aujourd'hui notre pays.»