Quelle suite au référendum sur la justice en Roumanie ?
Parallèlement aux européennes, les électeurs roumains étaient consultés par référendum sur la nécessité de sanctionner les responsables politiques et fonctionnaires publics coupables de corruption. Une question à laquelle 81 pour cent des votants ont répondu par l'affirmative. Le chef de l'Etat, Klaus Iohannis, souhaite maintenant que ces dispositions soient transposées au plus vite dans la Constitution du pays. Il a également proposé mercredi une révision de la réforme controversée de la justice. Les éditorialistes doutent que l'initiative aboutisse.
Rien ne garantit un happy end
Le président Iohannis a visé trop haut, estime le journaliste Liviu Avram, sur son blog hébergé par le site Adevărul :
«D'un point de vue purement théorique, l'idée n'est peut-être pas mauvaise, mais il lui manque un ingrédient absolument nécessaire : que tous les responsables politiques sachent faire preuve de décence. Mais tant que les leaders du PSD et de l'ALDE se cantonneront à mettre à exécution les points remis en cause dans le référendum [interdiction de toute amnistie pour les délits de corruption, interdiction d'abroger les lois par le bais de procédures accélérées] sans s'interroger sur leur politique dans son ensemble, je crains que l'enthousiasme affiché par les Roumains lors du vote du 26 mai ne se transforme en un simple bras de fer politique.»
Un vote sanction
Sur le portail Ziare, la journaliste Ioana Dogioiu appelle à relativiser la portée du référendum :
«En réalité, personne n'a remporté ce référendum. On ne peut y voir un vote positif sur des questions que le peuple aurait comprises et auxquelles il aurait répondu de manière responsable. Car par le biais de ce référendum, les citoyens ont surtout voulu voter contre Liviu Dragnea. Le voilà, le perdant. De façon semblable, Klaus Iohannis n'a pas remporté les élections présidentielles de 2014 - il s'est agi alors essentiellement d'une défaite [de l'ex-chef de file du PSD et ancien Premier ministre] Victor Ponta. ... Le 'oui' donné au référendum a surtout été un immense 'non' signifié à Liviu Dragnea. Les gens ont participé à ce vote par peur que Dragnea ne foule aux pieds le système juridique et judiciaire du pays.»