'Lockdown partouze' : un eurodéputé Fidesz démissionne
Le scandale de la partie fine entre hommes organisée en plein couvre-feu à Bruxelles n'en finit pas de défrayer la chronique. D'après les médias, au moins 20 individus, nus pour la plupart, étaient présents dans l'appartement lors de l'arrivée de la police. Parmi eux, l'eurodéputé Jozsef Szajer, cofondateur du Fidesz, parti ultraconservateur au pouvoir au Hongrie, qui aurait en outre été en possession de drogues.
La chute du gouvernement se fait attendre
Avec József Szájer, c'est un poids-lourd de la politique hongroise qui discrédite l'ordre constitutionnel, fait valoir Azonnali :
«L'affaire Szájer réunit tous les éléments qui devraient en théorie entraîner la chute du gouvernement concerné. Mais la Hongrie ne dispose pas des caractéristiques élémentaires de la culture démocratique indispensables à une telle éventualité. ... On a donc l'impression qu'il ne s'agit que d'une simple histoire à sensation, et non d'une affaire de première importance, dans laquelle l'assise constitutionnelle du régime se trouve discréditée par un individu considéré comme le père de la nouvelle Constitution adoptée par le Fidesz.»
La fête est loin d'être finie
Le scandale pourrait dépasser le cadre de Szájer et du Fidesz, estime Magyar Hang, qui appelle cependant à la prudence :
«Dans une interview, l'organisateur de la partie fine a indiqué que de nombreuses nations étaient représentées dans des soirées similaires organisées à Bruxelles, notamment des politiques affiliés aux partis ultraconservateurs hongrois et polonais. ... Ces propos doivent certes être pris avec des pincettes, car il s'agit apparemment d'un individu visé par un mandat d'arrêt en Pologne et dont les agissements sont opaques. Pour l'instant, ces propos ne sont étayés par aucune preuve. Il est donc difficile de dire à l'heure actuelle si le scandale du Fidesz déclenchera un effet domino.»
Totalement décrédibilisés
La double-morale de l'eurodéputé du Fidesz a été exposée au grand jour, commente le rédacteur en chef de l'antenne bulgare de Deutsche Welle :
«S'il fallait résumer en un mot ce qui caractérise le mieux l'ex-eurodéputé hongrois József Szájer, son mentor Viktor Orbán et toute une ribambelle de populistes, on dirait : l'hypocrisie. ... Je n'ai que faire de la vie privée de responsables politiques qui travaillent pour le bien de leurs électeurs et dans l'intérêt général. Mais lorsque les apôtres de l'eau claire s'avèrent être des buveurs de vin invétérés, comme le dit l'adage, alors ils se décrédibilisent complètement. Or un politique sans crédibilité, c'est comme un homme nu et les mains ensanglantées accroché à la gouttière d'un bâtiment de Bruxelles : quelqu'un d'impuissant, de triste et de raté.»
Le Fidesz est nu
La Hongrie n'aurait rien pu rêver de mieux, se réjouit Nepszava :
«Difficile d'imaginer d'apport plus bénéfique à l'égalité, à la démocratie et à la société que celui de l'affaire József Szájer pour la Hongrie. ... Celle-ci est sur le point de mettre fin à un cauchemar : [le Fidesz] ne pourra pas passer les 18 prochains mois à stigmatiser les homosexuels et à attiser la haine contre les minorités sexuelles. ... Privés de la possibilité de recourir à cette pseudo-thématique, le Fidesz et Orbán sont désormais contraints de faire leur 'coming-out'. ... Ils doivent prendre position et montrer s'ils sont en mesure de faire autre chose pour le pays que mener des campagnes haineuses et donner la chasse aux boucs émissaires.»
Un cynisme similaire en Pologne
Dans Krytyka Polityczna, la philologue et journaliste Paulina Siegień espère que cette affaire ouvrira aussi les yeux des citoyens polonais :
«L'histoire de József Szájer est si cliché qu'elle en est presque incroyable. Un homme d'extrême droite, homophobe, marié et qui brandit l'étendard des 'valeurs chrétiennes' s'avère être un amateur de partouzes gays. Je me demande si, à un moment donné, cette hypocrisie aura un impact significatif sur les élections - en Hongrie comme en Pologne. Car le cynisme vendu sous couvert de 'valeurs', et dont le seul but est d'obtenir pouvoir, influence et argent, est aussi au cœur du système du côté de Varsovie.»
La colère justifiée des électeurs
Le portail Pesti Srácok peut comprendre la déception des électeurs du Fidesz quant à József Szájer :
«Ces 30 dernières années, tout le pays avait appris à voir en lui une personnalité fiable, intelligente, flegmatique, et surtout très compétente. Il n'avait laissé jusque-là à ses détracteurs quasiment aucun angle d'attaque possible. Or le voilà impliqué dans une affaire si scandaleuse qu'elle marquera la fin de sa carrière politique. Avec lui, le Fidesz perd l'un de ses piliers. Il est logique, dès lors, que nombre de ses électeurs d'obédience nationaliste se sentent déçus et en colère.»
Un désastre pour l'image de Budapest
De Standaard y voit un véritable camouflet pour le gouvernement hongrois :
«Le fossé entre la vie privée de Szajer et la ligne idéologique de son parti est trop profond. Depuis l'époque où Orbán et Szajer avaient fondé un club estudiantin anticommuniste, le parti a opéré un net virage à droite. Un cap dans lequel s'inscrivent également les restrictions des droits des personnes LGBT. ... Pas plus tard que la semaine dernière, Budapest et Varsovie s'étaient opposées à un projet visant à favoriser l'égalité hommes-femmes dans la politique extérieure de l'UE. ... Le fait qu'un poids-lourd du parti vienne révéler au grand jour toute l'hypocrisie de la ligne idéologique du parti, cela est un cauchemar pour le Fidesz en termes d'image.»
Le problème, c'est l'hyprocrisie
Le scandale ici, ce n'est pas la vie sexuelle de l'intéressé mais sa morale hypocrite, assure Telex :
«Personne ne saurait être condamné, moralement ou juridiquement, pour un penchant sexuel - du moins tant qu'il s'agit d'actes qui ne sont pas répréhensibles pénalement. ... Le fait qu'il s'agisse ici d'une personnalité publique devrait justement nous inciter à éviter tout jugement à l'emporte-pièce. ... Il en va bien différemment, en revanche, du regard que l'on peut porter sur sa posture idéologique, pétrie de pseudo-christianisme et de conservatisme. ... Ce qui est scandaleux dans cette affaire, c'est l'hypocrisie et le mensonge.»