Le gouvernement estonien finance les anti-IVG
Chaque année en Estonie, les groupes parlementaires ont le droit de consacrer six millions d'euros à des investissements régionaux, dont ils sont libres de choisir les bénéficiaires. Les partis encouragent généralement des projets qui leur tiennent particulièrement à cœur. Cette année, les trois partis au pouvoir entendent verser 171 000 euros à une nouvelle association anti-IVG, ce qui provoque un tollé dans l'Etat balte.
Le gouvernement polarise la société
Une fois de plus, le Premier ministre estonien Jüri Ratas tente de feindre de prendre ses distances vis-à-vis de son partenaire de coalition d'extrême droite, souligne Õhtuleht :
«Il semble que l'Etat privilégie le soutien financier de ceux dont il approuve l'idéologie. Jüri Ratas a probablement compris que cela est perçu comme une position commune de la coalition, et c'est pourquoi il s'est hâté de souligner que lui et son Parti du centre étaient opposés à l'interdiction de l'IVG et que son gouvernement ne prendrait pas une telle mesure. Ratas peut affirmer à l'envi qu'il est contre l'interdiction de l'avortement, toujours est-il que des anti-IVG recevront un soutien financier de la part du Parti du centre, et que cela contribuera à envenimer une thématique sociale clivante.»
Une critique libérale hypocrite
Dans Eesti Päevaleht, Jaak Madison, eurodéputé du parti d'extrême droite EKRE, s'insurge contre les détracteurs de la décision :
«Chaque année, plusieurs centaines de milliers d'euros du contribuable financent des avortements, pour la plupart sans indication médicale, par choix personnel. Bon sang, pourquoi ne vous battez-vous pas pour que ces fonds soient affectés à de meilleures causes, comme la lutte contre le cancer ou contre la pauvreté des enfants ? Parce que vous êtes des hypocrites et des imbéciles. Les gauchistes et les libéraux adorent couronner leurs pleurnichements de la formule : 'Ce n'est pas mon Estonie'. Eh bien qu'à cela ne tienne, faites donc votre baluchon, le monde est grand, même en temps de pandémie. Pour ma part, je me sens chez moi dans une Estonie qui protège les enfants dans le ventre de leur mère.»