Bélarus : la Garde nationale russe soutient Loukachenko
Le président bélarusse, Alexandre Loukachenko, peut manifestement compter sur le soutien de la Garde nationale de Russie. Le ministère de l'Intérieur a publié vendredi un accord dans ce sens, qui prévoit dans un premier temps des exercices communs et la formation de recrues. Que cet accord révèle-t-il sur la situation au Bélarus, et comment l'UE doit-elle réagir ?
La dyarchie bélarusse
La Garde nationale russe ne permettra pas de débloquer la situation enlisée au Bélarus, juge le politologue Gintautas Mažeikis sur LRT :
«L'accord montre que Loukachenko a de plus en plus peur, que l'appareil répressif s'essouffle et qu'il a besoin d'un soutien supplémentaire. Mais l'opposition s'éreinte elle aussi, aussi bien à Minsk qu'en Lituanie et en Pologne. Les deux camps ont compris qu'il n'y aura pas de victoire rapide. L'action de l'opposition ressemble moins désormais à un soulèvement populaire qu'à un réflexe de routine. Dans le même temps, Loukachenko peut de moins en moins se fier à son appareil répressif, tandis que des informations fuitent de plus en plus souvent. L'économie, la communauté internationale, les détenus et les matons, les médias : tous montrent des signes de fatigue. ... On assiste à l'émergence d'une dyarchie, dans laquelle chacun des deux camps se sert de l'autre.»
Il faut faire plus
Le quotidien Tages-Anzeiger reproche à l'UE d'être trop conciliante avec Loukachenko :
«Les quelques sanctions adoptées par Bruxelles étaient trop timorées. Il fallait à tout prix éviter de contrarier Moscou. ... Depuis longtemps, le Kremlin reproche à l'Occident de se mêler des affaires bélarusses, alors que Moscou pérennise depuis longtemps le règne despotique de Loukachenko. L'ancien argument qui consiste à défendre la cause de la non-ingérence dans les conflits internes de la Biélorussie ne vaut plus ici. L'UE pourrait suivre une ligne plus résolue, prendre des sanctions contre davantage d'entreprises et d'hommes d'affaires qui soutiennent Loukachenko. Elle pourrait apporter une aide plus globale à davantage de défenseurs des droits de l'homme et de groupes de la société civile, montrer plus clairement aux opposants au régime de quel côté elle est. Il ne faut pas laisser le sentiment paralysant de l'impuissance inhiber les volontés, que ce soit dans les arrières-cours de Minsk ou à Bruxelles.»