La démocratie espagnole en régression
Dans son indice de démocratie, le magazine The Economist rélègue l'Espagne de la meilleure catégorie, celle des "démocraties pleines" à celle des "démocraties imparfaites". Crédité de 7,94 points (contre 8,12 points en 2020), le pays occupe actuellement le 24e rang mondial (soit 2 rangs de moins qu'en 2020). Les éditorialistes s'expliquent la détérioration de la situation par le litige sur l'indépendance de la justice, une détérioration dont ils imputent toutefois la faute à différents facteurs.
Ce qu'il advient quand les ennemis de la Constitution gouvernent
La coalition gouvernementale de gauche a aggravé une fâcheuse tendance, vitupère El Mundo :
«Depuis des années, notre journal ne cesse de dénoncer la partitocratie et le sectarisme, qui sont un danger pour notre démocratie. Une dérive qui a empiré encore depuis que Sánchez et Podemos ont instillé leur populisme à l'exercice des pouvoirs exécutif et législatif, et tenté de contaminer le pouvoir judiciaire. ... La clé de ce revers réside dans l'atteinte à l'indépendance du pouvoir judiciaire. ... L'Espagne est la victime de la polarisation et des tensions séparatistes. ... Si l'on ajoute à ceci la fragmentation et l'alliance du gouvernement avec des ennemis de la Constitution, il n'y a rien de surprenant à ce que The Economist fasse le constat d'une régression démocratique.»
Nous sommes en droit d'exiger davantage de la politique
Selon La Vanguardia, le parti d'opposition PP est le premier responsable de cette dégringolade :
«Si par le passé, le traitement juridique du conflit catalan avait coûté à l'Espagne des dixièmes de point, cette fois-ci, c'est le blocage du Conseil général du pouvoir judiciaire (CGPJ) qui l'a reléguée dans une autre catégorie. Le pays ne fait plus partie des champions de la démocratie, et c'est de mauvaise augure. C'est surtout une perte de crédit. ... Le dernier coup porté à la démocratie est le blocage du Conseil judiciaire par le PP, qui a empêché la nomination de nouveaux juges par son veto. Comme l'a écrit [la philosophe espagnole] Victoria Camps, 'la démocratie a besoin non seulement d'institutions, mais aussi de citoyens'. En notre qualité de citoyens, il nous incombe d'exiger de nos politiques qu'ils trouvent des accords. Ne serait-ce que pour nous épargner un tel affront.»