Comment lutter contre la pauvreté énergétique ?
La guerre en Ukraine provoque une envolée des prix de l'énergie, partout dans le monde. C'est pourquoi l'Europe cherche à s'émanciper des combustibles fossiles russes, le plus rapidement possible. De plus, les gouvernements essaient de mettre en place des stratégies pour amortir rapidement les hausses de prix et atténuer une perte de pouvoir d'achat. La presse européenne aborde les différentes approches.
Une aide ciblée plutot que des remises à la pompe
Süddeutsche Zeitung désapprouve le plafonnement à deux euros du prix des carburants proposé par le ministre allemand des Finances, Christian Lindner :
«Indépendamment du fait que cela creuserait un énorme trou dans les caisses de l'Etat, où va-t-on ? L'Etat s'engage-t-il ainsi tacitement à intervenir chaque fois que le prix du carburant dépassera la barre des deux euros ? Quelle incidence cela a-t-il sur les autres biens de consommation qui renchérissent ? Le courant, le chauffage, le blé, le pain : dans les mois à venir, tout un tas d'occasions pourraient se présenter pour l'Etat de plafonner de la sorte les prix qui explosent. ... Il est peut-être politiquement opportun de soutenir les consommateurs à la pompe. ... Il serait toutefois plus intelligent d'allouer ces milliards à ceux qui en ont le besoin le plus urgent.»
Freiner le libéralisme
Público appelle l'Etat à faire davantage pour freiner un marché des carburants qui échappe à tout contrôle :
«Nous avons besoin des carburants comme d'air pour respirer. Rien de tel qu'une crise comme celle-ci pour nous rappeler qu'il n'y a encore pas d'alternative aux combustibles fossiles. Il est plus simple d'être optimiste et de miser sur les importants progrès des énergies vertes, alternatives ou renouvelables quand les prix des carburants sont stables. ... Nous sommes peut-être à l'aube d'une poussée inflationniste généralisée, d'une détérioration de la situation de ceux qui vivent exclusivement du revenu de leur travail, d'une baisse dramatique de leur pouvoir d'achat. La situation est préoccupante. Nous ne pouvons plus accepter le joug d'un libéralisme débridé.»
Un dictateur peut en cacher un autre
Le Premier ministre britannique, Boris Johnson, essaie de convaincre l'Arabie saoudite d'augmenter sa production pétrolière. The Guardian n'est pas d'accord :
«Qui va-t-il falloir brosser dans le sens du poil désormais, les oligarques des Emirats Arabes Unis ou Nicolás Maduro, qui règne sur les riches ressources pétrolières du Venezuela ? ... La guerre en Ukraine finie, les prix retomberont, selon un schéma bien connu. Il n'y a pas de quoi donner aux producteurs de pétrole l'occasion de blanchir leur réputation dans les capitales occidentales. ... L'Arabie saoudite est un régime épouvantable. Si la Grande-Bretagne estime que les sanctions sont la bonne réponse à la guerre de Poutine, elle doit être prête à accuser le coup. A quoi bon mettre le holà à un dictateur si c'est pour aller en courtiser un autre ?»
Aider davantage les plus démunis
Le gouvernement néerlandais a débloqué un paquet d'aides d'un montant de 2,8 milliards d'euros qui permet aux personnes avec des revenus faibles à moyens de toucher un chèque énergie d'un montant avoisinant les 800 euros. De Volkskrant explique pourquoi il estime que c'est insuffisant :
«Le gouvernement n'est toujours pas parvenu à mettre sur pied un train de mesures qui vienne en aide à ceux qui en ont vraiment besoin. La volonté politique de donner systématiquement un petit coup de pouce à tout le monde entraîne une dilapidation du budget, si bien que les aides aux ménages les plus démunis ne suffisent pas. Un chèque unique de 800 euros ne leur permettra pas de tenir toute l'année. La politique doit savoir prendre des décisions dans l'urgence.»