Quel monde après la disparition d'Elizabeth II ?
Après le règne le plus long de toute l'histoire de la monarchie britannique, la reine Elizabeth II s'est éteinte ce jeudi à l'âge de 96 ans, entourée de sa famille, dans sa résidence écossaise du château de Balmoral. Elle avait célébré en février dernier le jubilé de platine de son accession au trône. La presse européenne rend hommage à la monarque et porte également un regard interrogatif sur son règne et son successeur Charles III.
Sa présence rassurante va nous manquer
Bien que n'ayant surpris personne, la mort d'Elisabeth II devrait néanmoins avoir un effet déstabilisateur sur la nation, croit savoir The Guardian :
«Et c'est d'autant plus vrai que cette mort coïncide avec l'arrivée d'une nouvelle Premier ministre et d'une crise économique. Il est terriblement poignant de constater maintenant que la reine, avait encore insisté pour recevoir personnellement Liz Truss et la charger de former un gouvernement, alors que, comme nous le savons désormais, elle était déjà mourante. Pendant ces 70 dernières années, la reine a représenté une présence constante et stable dans la vie de millions de personnes et une voix rassurante en période de troubles. Finalement, ce sera peut-être la somme des connaissances qu'elle avait accumulées au fil des décennies que l'on devrait commencer à apprécier.»
Elle avait su conquérir le cœur des Irlandais
Les Irlandais aussi pleurent la reine, note Irish Independent :
«Sa visite en Irlande en 2011 avait marqué un tournant dans les relations anglo-irlandaises. Elle avait été la première monarque britannique à briser la glace de cent ans de relations tendues entre les deux pays. Les discours dans lesquels elle avait admis des erreurs, parlant d'une 'histoire triste et regrettable', étaient empreints d'une grande sincérité et d'une forte compassion. Elle avait envoyé un message de guérison et d'espoir lorsqu'elle avait exprimé ouvertement 'le souhait que les choses aient été faites différemment ou n'aient pas eu lieu'. Pour toutes ces raisons, le peuple irlandais se souviendra d'elle avec affection. Le pays partage le deuil et la grande tristesse de sa famille et du peuple britannique.»
Trop de non-dits
Avvenire pointe le silence coupable de la reine Elizabeth sur les conséquences funestes du colonialisme :
«Elle a tout vu, et presque toujours évité de porter un jugement. Elle a observé une règle de protocole qu'elle s'était imposée depuis le début de son couronnement : garder le silence. Elle a gardé le silence sur beaucoup de choses, trop de choses - à moins qu'elle n'ait parfois soufflés son opinion à l'oreille de ses Premiers ministres. Elle a trop souvent fermé les yeux sur les exactions d'un pays qui avait du mal à se retirer de ses colonies, de ce chapelet de pays colorés en rose sur la carte du monde : l'Inde, Suez et le Proche-Orient, où les frontières entre Syrie, Liban, Jordanie, Irak et Palestine avaient été tracées arbitrairement, en tirant des traits à la règle.»
Elle a placé la barre très haut
Deník espère que les futurs représentants de la monarchie poursuivront leur rôle fédérateur et médiateur :
«Les héritiers du trône d'Elizabeth n'auront pas la tâche facile, étant donné que la reine a placé la barre très haut tout au long de son règne. Mais, de la même façon qu'Elizabeth II avait réussi à transformer les relations avec les anciennes colonies en un Commonwealth fonctionnel, le nouveau monarque de Grande-Bretagne pourrait se lancer dans une initiative du même genre en s'attachant à établir un bon partenariat entre son royaume et l'Union européenne. Dans l'époque que nous traversons, les deux entités en auraient grandement besoin, tant la Grande-Bretagne que l'Union européenne.»
De nouvelles priorités
Rzeczpospolita se demande la place que Charles III accordera à la politique environnementale dans l'agenda de son royaume :
«Fin observateur des immenses transformations de civilisation qui ont eu lieu au cours de sa vie, il aborde ouvertement, depuis des années déjà, les défis auxquels les générations actuelles et futures sont confrontées. ... Avec l'accession au trône de Charles, la Grande-Bretagne va-t-elle connaître une grande révolution verte ? ... Difficile à dire, car ses projets ne remporteront pas tous l'adhésion de ses futurs sujets. On peut néanmoins supposer qu'en tant que roi, Charles sera vigilant quant aux investissements à grande échelle susceptibles d'être en totale contradiction avec les opinions qu'il défend.»