Visite de Macron à Washington : quel bilan ?
Lors de la visite d'Etat du président français aux Etats-Unis, Joe Biden et Emmanuel Macron ont fait preuve d'unité et ont assuré l'Ukraine de leur soutien commun. En amont de la rencontre, Macron avait qualifié de "super agressives" les subventions de Washington prévues pour les fabricants américains de technologies vertes. Les commentateurs s'inquiètent de la résurgence d'un litige commercial avec une Europe ne disposant d'aucun atout dans son jeu.
Une concession
La visite d'Emmanuel Macron à Washington était importante pour éviter un nouveau litige commercial avec les Etats-Unis, estime Dnevnik :
«Macron n'est pas parvenu à convaincre Biden de renoncer à ces subventions et de privilégier l'unité transatlantique, qui sera nécessaire pour continuer à soutenir l'Ukraine. Ils se sont néanmoins entendus sur un aménagement de la législation américaine, de telle sorte que celle-ci ne soit pas hostile aux Européens. Afin de préserver le front commun face à Poutine, Biden a fait une concession hier. Il appartiendra aux négociateurs américains et européens d'en définir les termes.»
Les priorités de Biden sont claires
Malgré son ton péremptoire, Macron n'est pas sans savoir qu'un conflit sérieux avec les Etats-Unis serait le pire scénario possible aujourd'hui, commente le quotidien Handelsblatt :
«L'Europe fait en somme une fois de plus l'expérience de sa dépendance en termes de politique sécuritaire vis-à-vis du grand frère outre-Atlantique. Connaissant la situation précaire des Européens, les Américains se montreront certainement peu enclins à faire des concessions dans le conflit sur les subventions. Ils pourraient tout au plus envisager d'accorder un délai aux entreprises européennes de façon à ce qu'elles aient le temps de transférer convenablement leurs chaînes d'approvisionnement aux Etats-Unis. Les priorités de Biden sont claires : d'abord la politique intérieure, ensuite la Chine, et loin derrière, éventuellement, l'Europe.»
Un 'Buy European Act' chimérique
Les divisions internes de l'Europe l'empêchent ici de parler d'une seule et même voix, analyse Les Echos :
«Il n'y a aucun doute que le prix payé par l'Europe à la guerre en Ukraine est élevé quand on regarde les prix de l'énergie. Il ne fait aucun doute également que le protectionnisme américain (assumé) et les aides massives à l'installation d'usines vont avoir un lourd impact sur l'Europe. … Ouvrir une guerre commerciale, avec recours à l'OMC, serait insensé. … Répliquer avec un Buy European Act serait plus logique, mais les Allemands sont divisés et il est exclu que la Pologne, sous protection américaine, prenne ce risque.»
Empêcher la course aux subventions
De Morgen met en garde contre le retour du protectionnisme :
«Les milliards d'argent public investis dans la course aux subventions ne peuvent pas être alloués à des objectifs sociétaux plus nobles. ... La recherche de gaz a déjà révélé que les pays les plus vulnérables font les frais des surenchères occidentales. Il pourrait en être de même si l'UE décidait d'emboîter le pas aux Etats-Unis et de fermer son marché aux importations. En paieraient alors le prix économique les pays incapables de participer à la course aux subventions. Avec de lourdes conséquences sur la stabilité et la prospérité dans le monde.»