Une crise gouvernementale au Portugal ?
La crise couve au sein du gouvernement socialiste d'António Costa au Portugal : le ministre des Infrastructures, Pedro Nuno Santos, et deux secrétaires d'Etat ont dû rendre leur tablier. A l'origine de ces démissions, les indemnités de départ suspectes versées par la compagnie aérienne TAP, qui appartient majoritairement à l'Etat, à une secrétaire d'Etat aux Finances. Quel sera l'impact de cette affaire ?
Le gouvernement vit dans sa bulle
Avec ce remaniement, le Premier ministre a raté le coche, estime Público :
«Alors qu'il aurait été plus important de faire entrer un peu d'air frais et de donner l'occasion à la société civile de faire preuve de sa robustesse, António Costa est allé dans l'autre direction. ... Au lieu de se tourner vers des universitaires ou des patrons disposant d'une expérience suffisante dans le secteur des travaux publics ou des transports, il a donné la main à deux soutiens de Pedro Nuno Santos, afin de garantir l'équilibre interne. Il privilégie ainsi la concorde parmi ses collègues à l'efficacité, la ligne du PS à l'expérience professionnelle. ... On a vraiment le sentiment que le gouvernement vit dans sa bulle.»
Des dégâts jusque-là limités
Dans Expresso, le journaliste Daniel Oliveira ne pense pas que la crise gouvernementale s'aggravera :
«Cette majorité absolue montre des signes insoupçonnés d'instabilité, avec onze démissions en onze mois. En théorie, il devrait s'agir du gouvernement le plus stable depuis que [le socialiste] José Sócrates a obtenu la majorité absolue. Il est certainement plus stable que la coalition de gauche soutenue par Bloco de Esquerda (BE) et le PCP [de 2016 à 2019]. Cela prouve que la stabilité politique n'est pas tributaire des rapports de force, mais avant tout de la stabilité sociale. ... Il serait cependant prématuré d'y voir l'amorce d'une grande crise politique.»