Bucarest veut réformer le régime de retraite des juges
En Roumanie, l'âge de départ à la retraite des juges et des procureurs devrait être relevé, passant de 48 à 65 ans, et les pensions de retraite réduites. L'association professionnelle de la magistrature, le CSM, a immédiatement protesté. Le projet de loi souhaité par le candidat présidentiel du camp gouvernemental, Crin Antonescu, doit encore franchir plusieurs obstacles avant d'être mis en œuvre. Les commentateurs font le point.
Des juristes déconnectés
Dans republica.ro, le journaliste Alex Livadaru s'indigne contre les juges :
«Ils ont trouvé 'inacceptable' de ne plus pouvoir à l'avenir prendre leur retraite à 48 ans, un âge où l'on se trouve au sommet de sa carrière et où l'on est en théorie assez mûr pour peser les choses avec discernement dans la salle d'audience. Et ils s'indignent que l'âge de leur retraite soit relevé à 65 ans, comme pour nous, citoyens ordinaires. ... Que ces magistrats nous montrent donc des pays européens où l'on prend sa retraite après 25 ans de carrière – et avec une pension sept, dix ou même douze fois supérieure à la pension publique moyenne. ... Quelle justice ou quelle jurisprudence peut-on attendre de tels serviteurs de la loi ?»
Une tactique de campagne
Le service roumain de Deutsche Welle subodore plus une stratégie de campagne qu'une authentique volonté de réforme :
«Les dispositions révolutionnaires adoptées par la chambre des députés devront un jour être validées par le Sénat. ... Elles arriveront ensuite dans les rouages de la Cour constitutionnelle, qui ne manquera pas de les retoquer. Crin Antonescu, le candidat commun de la coalition PSD-PNL-UDMR [à la présidentielle], se pose en décideur que la coalition doit suivre à la baguette dans cette campagne présidentielle. La majorité parlementaire fait l'effet d'un apprenti docile qui s'engage à adopter servilement les projets de lois exigés par le chef. ... Il faut le reconnaître, l'équipe de campagne a bien calculé son coup.»