Présidentielle tchèque : la dernière ligne droite
En République tchèque, les trois favoris du scrutin présidentiel - l'ex-Premier ministre Andrej Babiš, l'ex général Petr Pavel et la professeure d'économie Danuše Nerudová - ont donné leurs derniers meetings avant le premier tour, qui aura lieu vendredi et samedi. Les éditorialistes du pays se penchent sur le profil des différents candidats et sur la nature du scrutin de cette année.
Les candidats ne se valent pas
Dans Hospodářské noviny, le journaliste Ondřej Houska passe en revue les trois favoris du scrutin :
«J'attends personnellement du président de la république qu'il respecte la Constitution et qu'il garantisse l'orientation pro-occidentale de l'Etat. ... Petr Pavel et Danuše Nerudová remplissent indéniablement ces deux critères majeurs. ... Quid d'Andrej Babiš ? Sa rhétorique vis-à-vis de l'Occident ou de la guerre en Ukraine n'est pas aussi claire. Mais je suis convaincu que président, il se comporterait exactement comme lors de son mandat de Premier ministre, c'est-à-dire comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, passablement ignorant des thématiques du moment et des véritables enjeux. ... Mais contrairement à Viktor Orbán en Hongrie, il ne mettrait pas la République tchèque au ban des démocraties occidentales.»
Un scrutin direct n'est pas la panacée
Pravda fait le commentaire suivant :
«Le futur président tchèque sera vraisemblablement l'ex-général Petr Pavel. Or si l'on sait qu'il a accompli une carrière réussie au sein de l'OTAN, on ignore en revanche quelles sont ses compétences et opinions politiques. Il est capable d'adopter des positions convenues lors des débats télévisés et se montre sympathique au contact des citoyens, mais cela n'est pas suffisant. ... La République tchèque, à l'instar de la Slovaquie, a choisi d'organiser cette élection sous forme de suffrage direct, afin d'éviter les petites combines qui avaient lieu en coulisses au Parlement, et qui empêchaient l'élection du chef de l'Etat. Ceci dit, le suffrage direct n'est pas forcément une bonne chose. Il faudrait se demander si une combinaison des deux systèmes ne serait pas avantageuse : les parlementaires proposeraient des candidats, lesquels seraient ensuite soumis au vote direct des citoyens.»
Macron fausse la campagne
Respekt critique la décision du président français, Emmanuel Macron, de recevoir Andrej Babiš juste avant la présidentielle tchèque :
«Quelles que soit les raisons de son initiative, Macron, ce faisant, s'ingère dans le scrutin tchèque. A priori, il n'a pas prévu de rencontrer les autres finalistes potentiels, Petr Pavel et Danuše Nerudová. A la place, il privilégie un politique poursuivi pour blanchiment d'argent et fraude fiscale en France ; un individu dont l'action dans son propre pays est marquée par un vaste conflit d'intérêts, et qui ne cesse de louvoyer dans la question du soutien à l'Ukraine. Chacun est libre de rencontrer qui il veut, mais le président français aurait pu attendre que les citoyens tchèques aient désigné le nouveau locataire du Château de Prague.»