Elections aux Pays-Bas : comment expliquer le bon score du BBB ?
Lors des élections provinciales aux Pays-Bas, les partis de la coalition du Premier ministre Mark Rutte ont essuyé une cinglante défaite, tandis que le nouveau parti Mouvement agriculteur citoyen (BBB) est devenu la première force politique du pays. Pour la presse, les paysans ont sanctionné la politique agricoledu gouvernement, tandis que les citoyens ont exprimé leur mécontentent.
La sanction des citoyens lambda
La colère des ruraux, remontés contre les mesures de protection du climat voulues par la coalition gouvernementale, a eu un impact décisif sur l'issue du scrutin, estime Die Welt :
«Avec une population de 17,5 millions d'habitants pour une superficie équivalent à celle [du land allemand] de Basse-Saxe, les Pays-Bas sont le second exportateur de produits agricoles du monde après les Etats-Unis. Le pays est aussi un des champions européens des émissions de gaz à effet de serre. Mais le BBB a aussi fait de bons scores dans les villes, où il a mobilisé tous ceux qui ont l'impression que le gouvernement s'occupe de tout sauf du bien-être et de la sécurité des citoyens lambda.»
Le sentiment d'être laissé pour compte
Pour De Standaard, un parti populiste de plus investit le devant de la scène :
«Pour une éniène fois, les Néerlandais placent leur confiance dans un nouveau venu, qui leur fait miroiter une 'autre' politique. ... Aux Pays-Bas, les agriculteurs constituent un groupe électoral restreint, tout comme en Flandres. Mais le sentiment que ceux d'en haut, qu'ils soient à La Haye ou à Bruxelles, ne comprennent pas le peuple d'en bas, est largement répandu. Chez nous comme chez nos voisins, la rivalité entre intérêts environnementaux et intérêts agricoles engendre le sentiment d'être laissé en rade, d'être le dindon de la farce. La politique ne nous connaît pas, ne nous comprend pas et ne veut pas de nous.»
La nouvelle voix du mécontentement
La défiance règne, analyse NRC :
«Nous sommes face à un climat d'exaspération, de colère contre l'ordre établi, avec ce sentiment que tout doit changer. Le BBB n'est que la caisse de résonance de ce mécontentement. ... Ce qui a largement contribué à l'essor du BBB, c'est qu'il a réussi à ratisser large, intégrant à la fois les intérêts du secteur agricole, et le ras-le-bol plus général de la gestion politique du pays. ... Ce mécontentement va de pair avec une faible confiance dans la politique.»
Ne pas faire la sourde oreille
Pour De Telegraaf, les électeurs ont pénalisé le gouvernement Rutte :
«La progression de BBB montre que cette coalition n'a pas su convaincre. ... Le BBB est un parti de contestation par excellence, qui s'oppose aux privilèges établis et à l'arrogance des grandes villes. ... La coalition va se retrouver de plus en plus sur la sellette. ... Et sa marge de manœuvre va se réduire. Reste à savoir si la leçon qu'ont donnée les électeurs se traduira par une crise gouvernementale, ce qu'on présume actuellement. Trois des quatre partis de la coalition ont conscience qu'ils seraient écartés du pouvoir si une fracture avait lieu. ... Il faut ainsi prêter une oreille attentive au coup de semonce envoyé par les citoyens.»