Autriche : les communistes font encore mouche
Le Parti communiste autrichien (KPÖ), l'une des plus anciennes formations politiques du pays, a longtemps mené une existence politique dans l'ombre de ses rivaux. Or voilà qu'avec ses partenaires de coalition, il vient de remporter 12 pour cent des voix aux élections régionales de Salzbourg - 22 pour cent pour la seule ville de Salzbourg. Son succès n'est pas sans rappeler celui de Graz, dotée depuis 2011 d'une maire communiste. A en croire les commentateurs, la recette gagnante du parti s'expliquerait - notamment - par l'accent mis sur la politique du logement.
Proche des attentes de la population
Dans Naftemporiki, la politologue Vasso Mourela explique la stratégie du KPÖ :
«Le KPÖ Plus de Salzbourg a opté pour une campagne presque exclusivement centrée sur le problème central du logement en ville. Parallèlement, son équipe ne s'est pas contentée d'un simple porte-à-porte pour proposer des solutions pratiques et de l'aide pour remplir les demandes d'aide sociale, elle a également offert un soutien direct à travers ses propres campagnes, avec l'argent que Kay-Michael Dankl a prélevé sur son salaire de conseiller municipal de Salzbourg depuis 2019. Cette stratégie a conduit à la création d'un important réseau local de soutiens, qui s'est traduit par un score électoral historique.»
La crédibilité, voilà la clé du succès
Les partis de gauche des autres pays devraient regarder le modèle autrichien de plus près, recommande Zeit Online :
«Ces dernières années, les discussions allaient bon train pour savoir si le modèle de Graz pouvait être reproduit ailleurs. Le résultat de Salzbourg semble indiquer que oui, tout du moins dans les grandes lignes. ... Le KPÖ tire sa force des trois piliers sur lequel repose son travail : professionnalisme au Parlement, actions extraparlementaires, comme des manifestations, et un contact direct avec la population, notamment par le biais de conseils dispensés aux locataires. Son succès montre l'importance que peut avoir la crédibilité pour un parti de gauche.»
Un fondement idéologique qu'il ne faut pas oublier
Dans une tribune à Wiener Zeitung, Otmar Lahodynsky, président d'honneur de l'Association des journalistes européens, appelle à ne pas banaliser le KPÖ :
«Le chef de file du KPÖ de Salzbourg, Kay-Michael Dankl, s'en tire plutôt bien dans les interviews qu'il accorde. Car il a aussi su prendre ses distances avec les systèmes autoritaires de tout poil, sans tomber dans aucune forme d'admiration pour les systèmes communistes. Idem vis-à-vis du belliciste russe Vladimir Poutine. ... Le KPÖ Plus se présente gentiment sous le jour d'un mouvement social idéaliste, loin des errements et des crimes communistes d'antan. Pourtant, malgré les apparitions publiques fort sympathiques de Dankl à Salzbourg ou de la maire de Graz, Elke Kahr, il ne faut pas oublier le fondement idéologique du parti.»