Espagne : accord régional entre le PP et l'extrême droite
Après les élections municipales et régionales du mois de mai, le Partido Popular (PP, conservateur) négocie avec le parti d'extrême droite Vox pour former des alliances locales. Un accord de coalition a été trouvé dans la communauté autonome de Valence, où trois ministères doivent revenir à Vox. Dans la perspective des législatives du mois de juillet, les éditorialistes portent un regard contrasté sur cette entente.
Une erreur historique qui aura des conséquences pour l'Europe
El País se demande si Alberto Núñez-Feijóo sait ce qu'il est en train de faire :
«Depuis hier, le chef de file du PP a sur la conscience l'entrée dans l'administration municipale et régionale d'une formation hostile au principe des autonomies régionales ancré dans la Constitution, une formation alliée sur le continent à des europhobes comme les gouvernements d'extrême droite polonais et hongrois. Si des alliances similaires devaient être conclues dans les 135 municipalités et les 5 gouvernements régionaux où le PP a besoin de Vox, alors l'extrême droite espagnole s'invitera à tous les niveaux décisionnels en Espagne - ce qui serait inédit en Europe. ... En amorçant ce mouvement, le PP assume une responsabilité historique, à la portée européenne.»
Viser une alliance au niveau national
ABC appelle de ses vœux des pactes similaires dans tout le pays :
«Cet accord permet d'espérer que de nouvelles majorités puissent voir le jour dans 135 municipalités et jusque dans 6 communautés autonomes. Il suffit de privilégier la bonne entente qui a prévalu dans la communauté autonome de Valence. L'objectif, in fine, doit être la formation d'une coalition gouvernementale au niveau national. Mais pour y parvenir, Vox et le PP devront chacun faire des concessions. Ce premier accord doit permettre de poser des jalons pour l'avenir et d'amorcer un nouveau cycle politique.»
Pas de cordon sanitaire en Espagne
La perception de l'extrême droite en Espagne n'est pas la même qu'en Allemagne, déplore La Vanguardia :
«Le PP n'a pas hésité à s'entendre avec Vox hier pour gouverner la région de Valence, et il pourrait en faire de même aux Baléares, sans le moindre complexe. Nombreux sont les médias et - surtout - les citoyens à avoir banalisé Vox. ... Lorsqu'autant de personnes votent pour ce parti, un 'cordon sanitaire' ne sert pas à grand-chose. L'Espagne n'est pas l'Allemagne, où la chancelière Angela Merkel, en 2020, avait voulu invalider l'élection du ministre-président de Thuringe, qui s'était appuyé sur les voix de l'AfD. En Allemagne, personne ne veut pactiser avec l'extrême droite.»