Etats-Unis : Trump devance Biden dans les sondages
Selon un sondage réalisé par The New York Times, Donald Trump l'emporterait face au président sortant Joe Biden dans cinq des six "swing states" - ces Etats fédérés qui oscillent entre démocrates et républicains aux élections -, si la présidentielle américaine se tenait aujourd'hui. L'occasion pour la presse européenne de débattre de l'aptitude de Biden à briguer un second mandat présidentiel et d'évaluer la teneur des arguments contre une réélection de Trump.
Préparer la relève
Les démocrates devraient faire émerger un nouveau candidat sans perdre plus de temps, écrit Berlingske :
«Biden doit commencer dès maintenant de faire ses adieux à la présidence. Pour des raisons politiques, il est peut-être difficile de retirer sa candidature maintenant, un an avant les élections. Car par voie de conséquence, pour les 14 mois à venir, le locataire de la Maison-Blanche serait un canard boiteux. Et pourtant, la stratégie de sortie doit être élaborée dès maintenant. Notamment parce qu'il faut lancer un nouveau candidat capable de battre Donald Trump. En l'état actuel des choses, on voit difficilement qui ce candidat pourrait être. ... Raison de plus de se mettre au travail dès à présent, si l'on ne veut pas que Biden entre dans l'histoire comme celui qui a préparé le terrain au retour de Trump.»
Un retour de Trump serait une catastrophe
Mieux vaut un président octogénaire qu'un président dangereux, pointe Tages-Anzeiger :
«Les Etats-Unis ont des antécédents en matière de présidents fragiles : Abraham Lincoln souffrait de dépression, Franklin D. Roosevelt était en fauteuil roulant et vers la fin de son mandat, Ronald Reagan montrait ce qui était probablement les premiers signes de la maladie d'Alzheimer. Ils n'en sont pas moins considérés comme de grandes figures de l'histoire des Etats-Unis. ... Un président battu dans les urnes qui a tenté un putsch pour s'accrocher au pouvoir est un danger pour la démocratie. ... En dépit de sa cote médiocre dans les sondages, Biden reste le candidat le plus à même de faire barrage à Donald Trump. Espérons que les citoyennes et les citoyens américains ont conscience que le 5 novembre 2024, il s'agira non seulement de se prononcer sur un président vieillissant, mais également de prendre une décision cruciale.»
Le populisme est une coquille creuse
Il est anti-démocratique d'accuser Trump et d'autres politique d'être populistes, argumente Magyar Nemzet, journal proche du gouvernement hongrois :
«Ce n'est pas le populisme qui est anti-démocratique ; c'est le libéralisme mondialiste actuel qui est trop élitiste. ... 'Populisme' et 'populiste' forment désormais des sortes d'insultes quotidiennes. ... Dans la plupart des cas, il s'agit d'accusations sans substance et vides de sens à l'encontre un système politique impopulaire ou indésirable, voire visant un pays en particulier, que ce soient les Etats-Unis de Donald Trump, la Pologne de Kaczyński ou la Hongrie d'Orbán. ... Dans cette conception des choses, le principe démocratique et le populisme sont de facto synonymes et le libéralisme vient supplanter la démocratie.»
Les démocrates soutiennent-ils encore Biden ?
Le dévissage de la côte de popularité du président devrait inquiéter le Parti démocrate, juge The Times :
«Au cœur des préoccupations des électeurs, il y a visiblement l'âge avancé de Biden : seuls 25 pour cent d'entre eux estiment qu'il dispose de l'énergie nécessaire pour continuer à exercer la fonction de président. ... Les démocrates vont au-devant d'une décision difficile : doivent-ils resserrer les rangs derrière un Biden impopulaire, ou bien prendre le risque de miser sur un candidat plus jeune et plus dynamique ? ... Compte tenu des guerres en Ukraine et au Proche-Orient, et avec la Chine lorgnant sur Taïwan, une démonstration ferme et cohérente du pouvoir américain s'avère plus que nécessaire pour l'ordre mondial aujourd'hui.»
Le moment de désigner un nouveau candidat
Diena fait l'analyse suivante :
«Les sondages actuels montrent que le soutien des électeurs à Trump, en dépit des scandalesassociés à son nom, ne cesse de s'accroître. ... Dans le même temps, la machine politique des démocrates est déjà à l'œuvre dans la campagne pour faire réélire Biden. Or si on ne décide pas de choisir un nouveau candidat (y compris à la vice-présidence) dans les prochains mois, il sera impossible de le faire plus tard. Seule la Convention nationale démocrate en août prochain serait alors en mesure de le faire. ... Difficile de dire néanmoins si les délégués peuvent se mettre d'accord en dépit d'intérêts très divergents, et si un peu plus de deux mois peuvent suffire pour mener une campagne électorale.»
Le monde à l'ère de la post-vérité
Új Szó a du mal à comprendre comment Trump peut être encore si populaire aujourd'hui :
«L'équipe de Trump est déjà en train de collecter les noms de personnes contre lesquelles il lancera une chasse aux sorcières dans l'hypothèse d'un retour à la Maison-Blanche. Lorsqu'on a un marteau en main, on voit des clous partout. Lorsqu'on croit être en permanence la victime de persécutions, on veut mener sa propre chasse aux sorcières. Il est déplorable de voir qu'une partie des Américains, déçus pour une raison pour une autre, soutiennent un individu qu'en raison de ses fraudes fiscales, on ne peut même plus qualifier de baron de l'immobilier. Nous vivons bel et bien à l'ère de la post-vérité.»
Le sans-étiquette Kennedy a ses chances
Selon Aargauer Zeitung, Robert Francis Kennedy Jr., qui n'est plus affilié à un parti, pourrait bousculer la campagne électorale :
«Kennedy, encore membre du Parti démocrate en octobre, semble rassembler derrière lui une large coalition, entre détracteurs de droite du gouvernement et militants de gauche. ... Celui qui a tendance à faire des déclarations controversées, a indiqué vouloir éviter 'de passer d'une nation de citoyens à une nation de sujets. Le pays étant globalement désillusionné, ce message trouve sûrement beaucoup d'échos. Il se pourrait que RFK Jr. vienne perturber une campagne électorale qui dégoûte de nombreux Américains.»