Perplexité après le crash d'un avion russe à Belgorod
Un avion russe de transport militaire aurait été abattu dans la région de Belgorod, à proximité de la frontière ukrainienne. Selon les informations de Moscou, en plus des six membres d'équipage et de trois militaires russes, se trouvaient aussi à bord 65 prisonniers de guerre ukrainiens, qui devaient être échangés à la frontière. Le renseignement militaire ukrainien a indiqué pour sa part ne pas disposer d'informations fiables sur l'identité des passagers.
Accident ou guet-apens ?
La Repubblica commente :
«Si Moscou dit vrai, la défense ukrainienne a tué 65 de ses propres soldats, commettant là une erreur impardonnable. Mais si ce sont les Ukrainiens qui ont raison, alors cela voudrait dire que les Russes leur ont tendu un piège perfide et mortel. ... En Russie, on explique que le transport des prisonniers a eu lieu selon un itinéraire convenu, comme des dizaines d'autres fois auparavant. ... L'accusation est gravissime : 'L'Ukraine n'a pas été informée de l'itinéraire et des modalités de remise des prisonniers. Il s'agirait ainsi d'un acte délibéré visant à mettre en péril la vie et la sécurité des prisonniers.' C'est-à-dire que Moscou aurait utilisé l'appareil comme un appât, laissant les soldats ukrainiens l'abattre, 'dans le but de déstabiliser et d'affaiblir le soutien international à Kyiv'.»
Un 'sale coup' des Russes paraît peu probable
Novaïa Gazeta Evropa ne croit pas la thèse d'un piège tendu par Moscou à l'Ukraine :
«On peut s'imaginer, bien entendu, qu'il s'agissait là d'un plan particulièrement rusé : exposer un appareil transportant des prisonniers aux tirs de la défense antiaérienne ukrainienne. Cela est toutefois peu probable. Les systèmes antimissiles Patriot sont constamment dans le viseur des missiles russes, qui n'ont à ce jour encore jamais réussi à atteindre leur cible. Si le camp russe savait qu'un système Patriot se trouvait à proximité de Belgorod, de l'autre côté de la frontière, son objectif principal n'aurait pas été de 'livrer' l'appareil transportant les prisonniers à son action destructrice, mais plutôt d'éliminer ce système.»
La vérité s'imposera d'elle même
S'adonner aux spéculations les plus folles n'est pas d'une grande utilité, juge The Spectator :
«Comme c'est toujours le cas dans cette guerre, on se retrouve vite confrontés à une série d'explications diverses et contradictoires, rarement étayées par des preuves tangibles. Les sources pro-ukrainiennes sur les réseaux sociaux ont affirmé que l'avion avait été abattu par la défense antiaérienne de la Russie elle-même. ... Proposant une variation de cette théorie, certains assurent qu'il s'agit d'une 'attaque sous fausse bannière', destinée à tuer les prisonniers de guerre et à fournir une excuse à la Russie pour ne pas avoir à effectuer de futurs échanges. ... La seule consolation dans tout ça, c'est que si notre époque moderne concourt à placer d'emblée tout incident de ce type à l'épicentre d'une surenchère d'accusations, de contre-accusations, de rumeurs et de démentis, en fin de compte, rien ne reste secret très longtemps. En temps voulu, la vérité finit par éclater.»