Guerre en Ukraine : vers une trêve en mer Noire ?

Russie et Ukraine seraient disposées à conclure un cessez-le-feu temporaire en mer Noire, également applicable aux attaques contre les infrastructures énergétiques. Les Etats-Unis ont indiqué que le but était de faire cesser les attaques contre les navires. Au titre de condition préalable, la Russie demande l'assouplissement des sanctions. Washington serait prêt à lâcher du lest concernant les exportations de céréales et d'engrais. Le flou persiste encore sur de nombreux détails, soulignent les chroniqueurs.

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Avvenire (IT) /

Un premier pas

Elena Molinari, correspondante du quotidien Avvenire aux Etats-Unis, reprend espoir :

«Un cessez-le-feu en Ukraine passera par un accord céréalier. C'est certes un pas de fourmi, dont les modalités définitives restent à déterminer dans le détail, mais les deux camps – ukrainien et russe – se sont engagés devant les Etats-Unis à faire taire les armes en mer Noire pour garantir la sécurité du trafic maritime et empêcher les attaques ciblant des infrastructures énergétiques. Il reste beaucoup de zones d'ombre, comme l'indique l'absence de déclaration commune. ... La Maison-Blanche a toutefois communiqué un accord sur une cessation partielle des hostilités en mer, interdisant 'd'utiliser les navires commerciaux à des fins militaires en mer Noire'.»

Le Soir (BE) /

Un simple effet d'annonce

Cela ne change pas grand-chose pour l'Ukraine, constate Le Soir :

«Hormis l'effet d'annonce, rien n'est fait. Les contours des accords et le calendrier de mise en œuvre n'ont pas été précisés. Rien ne permet de garantir aujourd'hui que la trêve entrera réellement en vigueur ni quand. ... Pour les Ukrainiens, cette trêve en mer Noire ne change pas grand-chose puisqu'ils avaient réussi à ouvrir un corridor d'exportations de céréales vers le Bosphore après la fin de l'accord céréalier. Et la relance de cet accord n'était pas une demande de Kiev. ... Trump espère sans doute toujours imposer un véritable cessez-le-feu mais il ne semble pas avoir compris que Poutine avait d'autres intérêts qu'un arrêt de la guerre.»

Volodymyr Fessenko (UA) /

La stratégie d'extorsion de Moscou

Sur Facebook, le politologue Volodymyr Fessenko fustige les conditions fixées par la Russie :

«Le problème majeur, c'est que le Kremlin a lancé un ultimatum : l'initiative sur la mer Noire ne pourra entrer en vigueur qu'une fois que les Etats-Unis auront levé les sanctions et les restrictions contre Moscou dans le secteur agricole. ... Si les Etats-Unis devaient accéder aux exigences de la Russie avant même la conclusion du cessez-le-feu maritime, cela créerait un dangereux précédent. Le Kremlin continuerait à appliquer cette tactique des conditions préalables. ... Dès lors, les chantages russes se poursuivraient indéfiniment lors des négociations.»