La résistance aux JO grandit à Budapest
La candidature de Budapest aux Jeux olympiques 2024, projet cher au gouvernement de Viktor Orbán, est sur la sellette. Le mouvement Momentum, qui entend se présenter aux législatives de 2018 face au Fidesz, a en effet rassemblé plus de 266 000 signatures d’opposants aux JO et pourrait réclamer la tenue d’un référendum. Face à cette initiative, le Premier ministre a décidé de faire machine arrière et entend prendre une décision sur la candidature cette semaine. Renoncera-t-il à ce projet ?
Relancer la croissance, gagner en confiance
Les Jeux olympiques feraient progresser la Hongrie comme l’avait fait le New Deal en son temps aux Etats-Unis, assure le quotidien progouvernemental Magyar Hírlap :
«Les investissements dans les JO relanceraient considérablement le moteur économique hongrois. Si l’on regarde l’histoire économique, on constate que dans les années 1930, les Etats-Unis étaient parvenus à surmonter la grave crise de l’époque et à relancer la croissance en procédant à de grands investissements dans les infrastructures. … Nous ne le dirons jamais assez : les JO ce n’est pas du business, mais plutôt une entreprise qui permet aux forces, aux capacités et aux talents d’une nation de s’exprimer pleinement. L’amour-propre que générerait une organisation réussie des jeux permettrait de préparer la Hongrie aux défis difficiles et innombrables du XXIe siècle.»
Orbán finira par retirer la candidature
Viktor Orbán est suffisamment intelligent pour ne pas imposer les Jeux olympiques à tout prix, analyse Neue Zürcher Zeitung :
«La faible opposition est en effet parvenue à associer la candidature de la ville à de vastes dysfonctionnements. Le gouvernement se retrouve ainsi subitement remis en cause par des centaines de milliers de personnes, qui veulent savoir pourquoi la Hongrie devrait investir des milliards dans un projet de prestige, tandis que l’éducation et la santé sont laissées à l'abandon. Les mouvements de protestation qui dénoncent les négligences dans ces domaines ont fait descendre des milliers de personnes dans les rues il y a quelques mois. Les JO sont également associés à la question de la corruption. Les Hongrois savent combien l’entourage direct d’Orbán s'est enrichi. … Il est donc peu probable qu’Orbán tente de sauver 'ses' Jeux et qu’il prenne le risque que le référendum se transforme en plébiscite sur sa domination.»
La Hongrie est loin d'être dans les starting-blocks
Le pays est bien trop corrompu, délabré et fauché pour pouvoir organiser des Jeux olympiques, déclare le chroniqueur Norbert Fekete dans l’hebdomadaire hvg :
«J’entends déjà les spots publicitaires mettant en scène des athlètes appelant à soutenir les JO, faisant valoir combien ils seraient honorés de pouvoir gravir les marches du podium dans leur propre pays. … Un petit groupe de personnes, qui par-dessus le marché font partie de l’élite, demandent au peuple d’un des pays les plus en retard de l’UE que leur rêve soit exaucé, contre la modique somme de sept milliards d’euros. L’intérêt d’une poignée d’athlètes serait l’intérêt de la nation. Et le gouvernement met tout en œuvre pour empêcher que les citoyens n'aient voix au chapitre. … Je ne sais pas si ces athlètes privilégiés ont conscience de l’état de délabrement de ce pays. Corruption galopante, déshérence des systèmes d’éducation et de santé, restrictions des libertés fondamentales et climat social exécrable : ceux qui en ont la possibilité désertent ce pays.»
Ne pas céder aux peureux et aux conformistes
Malgré la pétition, la Hongrie ne devrait pas perdre de vue le rêve des Jeux olympiques, insiste pour sa part le journaliste sportif András Ch. Gáll dans le journal acquis au gouvernement Magyar Idők :
«L’initiative citoyenne MoMo en appelle aux instincts humains les plus vils, d’une part à la pusillanimité si profondément ancrée dans le caractère hongrois, d’autre part à leur esprit conservateur. … J’ai eu l’immense privilège de pouvoir assurer la couverture de cinq Jeux olympiques d’été. ... Bien que tous les détracteurs des JO martèlent que leur organisation a ruiné toutes les villes qui s’en étaient chargées, ce n’est absolument pas le cas. Au contraire ! Les jeux d’été de Séoul en 1988 par exemple ont amorcé le miracle économique coréen et le boom qui perdure jusqu’à ce jour. ... Pour ma part, en tant que journaliste sportif et patriote passionné, je refuse de baisser les bras et de renoncer au rêve des jeux d’été en Hongrie.»