Un conseiller de Trump critique les exportations allemandes
Après le Mexique et la Chine, la nouvelle administration américaine s’en prend maintenant à l’Allemagne : l’économiste en chef de l’équipe de Donald Trump, Peter Navarro, interviewé mardi par le Financial Times, a accusé l’Allemagne de se procurer des avantages commerciaux aux dépens des Etats-Unis et de ses partenaires de l’UEM, par le biais d’un euro dévalué. Il a affirmé que la monnaie unique n'était autre qu’un "deutsche mark qui ne dit pas son nom". Que penser de ces accusations ?
Un excédent commercial qui menace l'unité européenne
Si les accusations de Navarro sont absurdes, l'excédent commercial allemand n'en reste pas moins un problème, juge Süddeutsche Zeitung :
«C'est le reflet d'énormes déséquilibres économiques. Les excédents des Allemands sont les dettes d'autres Etats. C'est ce à quoi Trump fait allusion. … La chancelière a tenté d'éviter l'escalade en reprenant l'argument bien huilé de l'indépendance de la politique monétaire de la zone euro. Mais cet argument ne suffira pas sur la durée. Les partisans de Trump ne cesseront pas d'attaquer l'Allemagne. Les pays qui critiquent l'excédent allemand depuis longtemps se placeront de son côté. Ce consensus ponctuel est dangereux pour la cohésion de l'Europe. L'Allemagne ne pourra circonscrire le danger de dissolution qu'en s'attaquant systématiquement aux déséquilibres dans son propre pays.»
L'Allemagne, un requin du crédit
Večernji list comprend les critiques adressées par Navarro à la politique économique de l’Allemagne :
«Les Etats-Unis affichent un déficit de 478 milliards de dollars au niveau des mouvements de capitaux, ce qui est lié au bilan commercial négatif enregistré au troisième trimestre de l’année précédente. Or l’importation de marchandises allemandes représente la moitié de ce déficit américain - ceci fait en revanche de l’Allemagne la championne mondiale de l’exportation de capitaux. Et que fait l’Allemagne de ces excédents monétaires ? La majeure partie des 193 milliards d’euros ont été investis dans des titres étrangers, tandis que 18 milliards seulement ont été affectés à des investissements directs à l’étranger. Ainsi, l’argent gagné grâce à son excédent commercial, l’Allemagne le prête ensuite à nouveau aux pays vers lesquels elle a exporté, afin que ceux-ci puissent acquérir des marchandises allemandes. Ceci fait de l’Allemagne un requin mondial des exportations. … Si l’Allemagne ne freine pas elle-même sa machine exportatrice, c’est Donald Trump qui s’en chargera.»