Que penser des nouvelles révélations de Wikileaks ?
Suite aux publications de Wikileaks faisant état de pratiques de surveillance généralisées de la part de la CIA, notamment par le biais de smartphones et de téléviseurs, le service de renseignement américain a vivement critiqué la plate-forme de divulgation. L'authenticité des documents et l'origine de l'alerte doivent encore être établies. Certains commentateurs supputent que Wikileaks pourrait être un instrument stratégique du Kremlin. D'autres estiment que ces fuites profitent au président des Etats-Unis.
Les USA sont toujours dans le collimateur
Les divulgations de Wikileaks concernant en tout premier lieu les Etats-Unis, elles corroborent la thèse selon laquelle Moscou pourrait tirer les ficelles en coulisses, suggère La Vanguardia :
«Les révélations de la plateforme fondée par Julian Assange concernent des documents d’une grande actualité, étant donné qu’ils se rapportent à la période de 2013 à et 2016. C’est pourquoi les conséquences pour la politique, l’industrie et le commerce de cette fuite - la plus importante fuite de documents du CIA - pourraient être énormes. ... Ce nouvel arrivage de documents semble donner raison à ceux qui affirment que Wikileaks serait un instrument stratégique du Kremlin, à dessein d’affaiblir les Etats-Unis. En tout état de cause, insister sur la publication de documents allant toujours dans le même sens devrait amener à considérer cette affaire avec une grande prudence et une certaine distance.»
Trump peut dire merci à Wikileaks
Les révélations de Wikileaks viennent alimenter la controverse sur les activités des services secrets, lit-on dans Avvenire :
«Elles relativisent en quelque sorte les accusations (plutôt compromettantes pour Trump) adressées à Moscou, à savoir l'immixtion dans les élections américaines. D’autant plus que les activités d’espionnage de la CIA semblent aller bien plus loin que les piratages reprochés aux services secrets russes. Des écoutes aussi systématiques et aussi vastes font apparaître sous un jour plausible les affirmations selon lesquelles Trump aurait été mis sur écoute pendant sa campagne. Par voie de conséquence, les accusations d’espionnage que Trump adresse à son prédécesseur paraissent moins invraisemblables. ... Une raison de plus qu’aurait Trump de dire merci (à Assange). L’opacité et le manque de responsabilité des services secrets dans leur pratique des mises sur écoute sont inquiétants. C’est ce qu'illustrent les divulgations de Wikileaks.»
L'envers du décor
Les récentes révélations sur les pratiques d'écoute de la CIA nous ouvrent les yeux sur les dangers du monde virtuel, constate Neue Zürcher Zeitung :
«Les divulgations prouvent à un vaste public ce que les experts en sécurité rabâchent depuis des années déjà : le nouveau monde numérique est extrêmement vulnérable. On sait depuis plus de deux ans que les téléviseurs connectés à Internet peuvent être autant d’espions dans notre propre salon ; le producteur Samsung l’a clairement indiqué. Mais ce genre de mises en garde passent au second plan car le désir de bénéficier de nouveaux services numériques confortables est plus fort. On ne veut pas se priver du confort de pouvoir dire à son téléviseur sur quelle chaîne passer, alors on ferme les yeux sur le fait qu’il enregistre aussi les conversations privées. ... De la gamelle du chien à la balance en passant par le babyphone, on a l’impression que tout et n’importe quoi doive être interconnecté, pour peu qu’un raccordement à Internet soit possible. Mais ce que Wikileaks vient de dévoiler nous donne à voir l’envers du décor.»
Un nouvel acte s'ouvre dans le drame de surveillance
Les révélations de Wikileaks en disent long sur les pratiques actuelles des services secrets, commente Eesti Päevaleht :
«Bien que Julian Assange ait annoncé en février déjà de nouvelles publications, l'effet douche froide a pleinement opéré. D’autant plus qu’à l’origine, on recherchait une piste d’espionnage des Russes dans la campagne américaine. Beaucoup de matériaux ayant fuité de la CIA ont été publiés. ... Même si seules les pratiques d’un camp ont été révélées, elles sont doublement utiles. D’après les connaissances de la technologie américaine, il est facile de se faire une idée de ce que pourrait être son pendant russe. Le public va bientôt pouvoir se délecter des commentaires croustillants que vont lui servir Trump, le président affairiste, et Poutine, le grand spécialiste de l'espionnage.»